Avec plus de 4 millions de visiteurs chaque année, la Cité de Carcassonne est une des destinations touristiques parmi les plus prestigieuses de France, au même titre que le Mont Saint Michel et Notre-Dame de Paris. Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1997, il s’agit d’un ensemble architectural médiéval spectaculaire situé sur un éperon rocheux dominant l’Aude au sud-est de la ville neuve. On ne pouvait donc manquer de visiter ce site prestigieux, d’autant plus qu’à la fin septembre, les touristes se font plus rares et les journées restent ensoleillées et chaudes ! Laissez-nous vous conter l’histoire de Carcassonne…
Dimensions
La Cité de Carcassonne affiche des dimensions impressionnantes. Elle comprend un château (le château comtal), une basilique (la basilique Saint-Nazaire), trois kilomètres de double-remparts, cinquante-deux tours et quelques maisons sont encore habitées de nos jours par 100 personnes.
Plan de la Cité de Carcassonne, illustration réalisée par Philippe Biard pour le Centre des Monuments Nationaux
Le château comtal, les fortifications et les tours appartiennent à l’Etat. Les lices et le reste de la Cité (notamment ses maisons) relèvent de la municipalité de Carcassonne.
Historique
La cité médiévale fortifiée remonte à l’époque Gallo-romaine. On suppose que le site a été occupé par les Gaulois depuis le 6e siècle avant J.C., puis par les Romains qui y érigèrent des remparts vers le 3e siècle après J.C. En ce temps, ce petit centre administratif et commercial s’appelait Carcaso et faisait partie de la colonie de la Narbonnaise. Déjà à l’époque, la petite ville profitait de sa situation privilégiée sur le lieu de passage entre la Mer Méditerranée et l’Océan Atlantique, le long de l’itinéraire que les Romains appelèrent « Route d’Aquitaine ».
Pendant les Invasions Barbares, les habitants se réfugièrent sur la butte où se trouve aujourd’hui la Cité.
Au 11e siècle, la puissante dynastie des vicomtes Trencavel y construisit le château comtal. Lors de la croisade albigeoise, Carcassonne fut assiégée puis prise par Simon de Montfort au début du 13e siècle au cours de sa campagne contre le Comte de Toulouse. Une fois ce dernier capturé, le vicomte Raimond Roger Trencavel se replia dans la forteresse de Carcassonne et capitula après 14 jours de siège.
La Cité fut rattachée au domaine royal par le traité de Meaux-Paris le 12 avril 1229 par lequel le vicomte Trencavel accorda la main de sa fille unique Jeanne au frère du roi de France, Alphonse de Poitiers. Mais le fils du vicomte déchu se rebella une nouvelle fois et assiégea sans succès la forteresse avec le soutien de la noblesse locale. En 1246, Raimond Trencavel II se soumit à l’autorité du roi de France et renonça publiquement à ses droits. Un an plus tard, le vicomte brisa son sceau en signe de soumission et le roi Louis IX autorisa la fondation d’une ville neuve (une bastide) sur la rive opposée de l’Aude, au pied de la Cité. A la mort du vicomte, Alphonse de Poitiers hérita du comté de Toulouse. Mais lorsque ce dernier mourut sans descendant, toutes les possessions du Midi passèrent définitivement aux mains du roi de France.
Avec ces luttes rivales entre les Trencavel et l’autorité royale, les efforts de fortification en vue de rendre la Cité imprenable se poursuivirent tout au long du 13e siècle avec la construction d’un second rempart extérieur et la consolidation du premier rempart intérieur. On y remarque encore la trace des ingénieurs et artistes d’Ile-de-France envoyés par le roi. De grands aménagements furent entrepris pour adapter la forteresse aux nouvelles techniques de l’artillerie et dissuader les attaquants. Le château fort fut agrandi pour recevoir une garnison permanente. Sous le règne du roi de France Philippe III le Hardi (1270-1285), une troisième grande phase de modernisation commença. On y reconstruisit la première enceinte intérieure et on consolida les lignes de défense. Tous ces aménagements furent nécessaires au vue de la position stratégique de Carcassonne, localisée près de la frontière qui séparait la France et l’Aragon.
Après la signature du Traité des Pyrénées en 1659, formalisant la paix conclue entre la France et l’Espagne et confirmant le rattachement du Roussillon aux possessions françaises, le site perdit de son importance stratégique et fut délaissé au profit de la Ville-Basse (la bastide). Du 14e au 18e siècle, la prospère industrie drapière conféra à la bastide une expansion économique, urbaine et administrative au détriment de la Ville-Haute (la Cité) dans laquelle la misère se répandit. Les riches marchands y érigèrent de somptueux hôtels particuliers, symboles de leur réussite et les notables, les autorités civiles, juridiques et religieuses s’y installèrent. En 1801, le sanctuaire Saint-Nazaire de la Cité perdit son titre de cathédrale au profit de l’église Saint-Michel construite dans la Ville-Basse.
La Cité et son système défensif furent laissés à l’abandon. Napoléon 1er déclassa la forteresse en 1804 et en 1820, elle fut reléguée parmi les places fortes de deuxième catégorie par le ministère de la guerre.
Le Renouveau de Carcassonne et la restauration de Viollet-le-Duc
Dans les années 1830, Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historique, signala l’importance historique et architecturale de la Cité qui fut sauvée de la destruction par la conscience populaire. Dès 1844, l’architecture Viollet-le-Duc commença les travaux de restauration qui furent parmi les plus importants de tout le 19e siècle. Comme à Notre-Dame de Paris ou encore à Pierrefonds, ces restaurations – voire reconstructions – ont été menées de manière parfois controversée. Les critiques visèrent surtout le choix de l’architecte à restituer certaines tours avec des toitures coniques couvertes d’ardoise, que l’on trouve normalement dans le Nord de la France et pas dans le Sud où ce sont les tuiles rouges romanes qui s’imposent. Viollet-le-Duc justifiait son choix par l’histoire : Simon de Montfort et ses compagnons, à l’assaut de Carcassonne pendant la Croisade des Albigeois, venaient du Nord et il n’était pas impossible qu’ils aient emmené avec eux des architectes et ingénieurs d’Ile de France. L’architecte indiqua qu’on avait trouvé sur le site des fragments d’ardoises lors des travaux de restauration.
Malgré des travaux de restauration qui durèrent 58 ans, Viollet-le-Duc ne restaura que 30% de la Cité.
Visite de la Cité de Carcassonne
La visite de la Cité est gratuite, sauf pour le Château Comtal. Vous pouvez admirer les quatre portes d’entrée de la Cité, ainsi que la Basilique Saint Nazaire et le château comtal. On ne manquera pas de flâner dans les lices, cet espace vide entre les remparts intérieur et extérieur.
Les quatre portes d’entrée de la Cité sont :
La Porte Narbonnaise
S’ouvrant à l’Est (en direction de Narbonne), la porte Narbonnaise fut érigée vers 1280 sous le règne de Philippe III le Hardi.
De 1859 à 1860, Viollet-le-Duc l’a beaucoup restaurée en reconstituant le crénelage et le toit en ardoise et en ajoutant un pont-levis qui n’existait pas à l’origine.
Les deux énormes tours qui la composent sont renforcées par des becs destinés à détourner les tirs des assaillants.
La porte Saint-Nazaire
Au sud, la porte Saint-Nazaire était destinée à protéger la cathédrale Saint Nazaire, située à 25 mètres derrière elle. La porte a été aménagée dans la tour carrée de Saint-Nazaire et comprend un dispositif de défense complexe : quatre échauguettes, mâchicoulis, herses et vantaux. La plateforme au sommet de la tour permettait de disposer d’un engin de guerre à longue portée.
La porte a été grandement restaurée par Viollet-le-Duc entre 1864 et 1866.
La Porte d’Aude
Située à l’ouest près du château comtal, la porte tire son nom de l’Aude, la rivière qui coule au pied de la Cité. Au Moyen-Age, la porte se prolongeait par la barbacane de l’Aude, détruite en partie en 1816 pour laisser place à la construction de l’église Saint Gimer.
Le dispositif défensif de la Porte d’Aude était très développé. De hautes arcades cachant de fausses portes ne menant nul part étaient destinées à tromper l’assaillant. On remarquera également les couloirs en lacet avec leurs paliers, destinés à créer une souricière dans laquelle les ennemis se trouvaient bloqués, permettant aux défenseurs de les attaquer de toutes parts. C’est aux alentours de cette porte, typiquement médiévale, que plusieurs films ont été tournés.
La porte du Bourg ou de Rodez
Faisant face au nord (en direction de Rodez), la modeste porte du Bourg s’ouvrait sur l’ancien bourg Saint-Vincent, aujourd’hui disparu. Creusée dans le rempart, elle était protégée par la barbacane Notre-Dame et la tour Mourétis.
La Basilique Saint Nazaire
Mentionnée par écrit pour la première fois en 925, la cathédrale Saint Nazaire et Saint Celse fut bénie par le pape Urbain en 1096. Le bâtiment actuel de style gothique fut achevé dans la première moitié du 12e siècle mais il a été remanié plusieurs fois depuis. Le sanctuaire a perdu son statut de cathédrale en 1801 au profit de l’église Saint Michel, située dans la Ville-Basse. En 1898, le pape Léon XIII lui accorda le titre de Basilique. L’extérieur du sanctuaire a été largement restauré par Viollet-le-Duc.
Le château comtal
Cette formidable forteresse, adossée au rempart intérieur à l’endroit où la pente de la butte est la plus raide, fut érigée à partir de 1130 par Bernard Aton IV Trencavel. If fut complètement remanié entre 1228 et 1239 sous ordre du roi de France, avec des lignes de défense développées. Le château comprend 9 tours, dont 2 (tour Pinte et tour de la Chapelle) sont d’origine wisigothe. La tour Pinte, une tour de guet de forme carrée, est la plus haute de la Cité.
Une fois passé le pont d’accès au château, le visiteur arrive à la cour intérieure, bordée de bâtiments remaniés plusieurs fois entre les 12e et 18e siècles.
La Cité de Carcassonne a servi de décor pour de nombreux films dont : Le Corniaud de Gérard Oury (1965), Robin des Bois, Prince des voleurs de Kevin Reynolds (1991), et les Visiteurs de Jean-Marie Poiré (1993).
Notre site internet contient une page en anglais sur Carcassonne à l’adresse suivante : http://www.frenchmoments.eu/cite-of-carcassonne/
Ping : Nos « moments français » à Carcassonne | French Moments Blog
Ping : J’ai rendez-vous avec l’Histoire de France à Saint-Denis | French Moments Blog
Ping : Au revoir la France ! | French Moments Blog
Il y a erreur sur la photo de la porte Narbonnaise (« La puissante porte Narbonnaise »), la photo est celle du chateau comtal.
Merci beaucoup Guillaume pour votre observation ! Effectivement, il s’agissait bien de l’entrée du château… nous venons de modifier la photo pour insérer la véritable Porte Narbonnaise ! Encore merci et à bientôt sur notre blog !