En 1839, Victor Hugo déclarait que la cathédrale était un « prodige du gigantesque et du délicat ».
Attirant environ 4 millions de visiteurs par an, la Cathédrale de Strasbourg est la deuxième cathédrale la plus visitée de France après Notre-Dame de Paris, bien avant celles de Metz, Reims et Chartres.
Reconnaissable de loin grâce à son allure atypique, la Cathédrale de Strasbourg est l’emblème incontesté de la ville, et parfois de l’Alsace toute entière. Selon que l’on arrive par l’autoroute de Paris ou de Mulhouse, sa silhouette avec son clocher unique surmonté d’une flèche s’aperçoit de loin, annonçant l’entrée prochaine dans la capitale alsacienne. Sa flèche, haute de 142 mètres, fut, de 1647 à 1874, le plus haut monument du monde. Sa hauteur en fait la deuxième plus haute cathédrale de France après celle de Rouen. C’est un chef d’œuvre de grâce et de légèreté.
Un peu d’histoire…
L’édifice actuel fut construit sur l’emplacement d’une ancienne basilique romane longue de 103 mètres construite en 1015 par l’évêque de Strasbourg, Werner de Habsbourg, avec le soutien de l’empereur Henri II. Cet édifice de style ottonien aux charpentes en bois fut détruit en 1176 par un incendie.
L’évêque de Strasbourg de cette fin du 12e siècle, Henri de Hasenbourg, commença l’édification de l’actuelle cathédrale. Celle de Bâle étant achevée, la nouvelle Cathédrale de Strasbourg se devait d’être encore plus glorieuse. Les travaux s’étalèrent sur 3 siècles et furent achevés en 1439.
On utilisa le grès des Vosges, de couleur rose ou brun (la pollution a donné à la cathédrale cette couleur rose-gris). En allemand, le grès est appelé Sandstein, ce qui signifie « pierre de sable »).
Dès le premier regard, le contraste architectural entre le chœur et la façade est nettement visible. En effet, la construction débuta par le chœur et le transept Nord dans le style roman. Lorsqu’en 1225 arriva l’équipe d’un nouveau contremaître connaissant Chartres et la Bourgogne, il fut décidé de continuer les travaux par le style gothique, novateur à l’époque. Ce style, bien ancré en Ile de France, fit alors son apparition en Alsace. L’architecte de la Cathédrale de Strasbourg construisit l’édifice le plus moderne de son temps dans le Saint Empire romain germanique et ses formes ont largement été inspirées par la basilique de Saint-Denis, qui était alors une nouvelle référence au 13e siècle. La nef, par exemple, non seulement suivit le style Gothique propre à l’Ile de France (le Gothique français), mais osa aller plus loin en adoptant les tendances les plus en vogue du Gothique en France. Contrairement à d’autres édifices d’Allemagne, les constructeurs de la Cathédrale de Strasbourg n’inclurent pas des éléments architecturaux propres à la région. Ceci fut aussi le cas pour la magnifique façade dont la construction fut entreprise peu après l’achèvement de la nef. On y retrouve une décoration également visible sur la façade de la cathédrale de Troyes, les « traits d’harpes », travaillés à l’extrême à Strasbourg.
Toutefois, une des raisons expliquant la lenteur des travaux se trouve dans le manque d’argent pour le financement de la cathédrale. L’évêque eut donc recours aux indulgences en 1253 pour terminer la nef.
Si les Français apportèrent leur influence dans l’art gothique (vitraux de couleurs rouge et bleu), le monde germanique sut imposer ses idées (vitraux incluant la couleur verte).
Le 16e siècle marqua un tournant pour Strasbourg et sa cathédrale suite à l’irruption de l’Humanisme et de la Réforme. En 1518, les thèses de Luther furent affichées aux portes de la cathédrale et l’imprimerie – très présente dans la ville grâce à Gutenberg – accéléra la propagation de la naissante religion protestante. Dès 1524, la ville fut acquise aux idées de la Réforme et ses églises attribuées au culte protestant.
Strasbourg, ville libre d’Empire, nargua ainsi l’autorité de l’empereur Charles Quint (un Habsbourg fidèle au catholicisme). Il fallut attendre la fin des guerres de religion du 17e siècle et l’annexion de la ville par Louis XIV pour que la cathédrale soit rendue au culte catholique en 1681.
Au cours de son séjour à Strasbourg en 1770-1771, l’écrivain allemand Goethe magnifia la cathédrale et ouvrit la voie à un courant de réévaluation de l’art Gothique en Europe. En France, ce fut Victor Hugo qui fut reconnu, au 19e siècle, comme l’instigateur de ce regain d’intérêt, inspirant l’architecte Viollet-le-Duc et sauvant ainsi Notre-Dame de Paris de la ruine.
Quant à la tour lanterne à la croisée du transept de style roman, que l’on ne s’y méprenne pas : elle ne date que de 1878 et est l’œuvre de Gustave Klotz. La tour néo-romane, dont la forme évoque d’autres grandes cathédrales romanes de la Vallée du Rhin (Spire ou Mayence), fut très endommagée pendant la Seconde Guerre Mondiale et sa rénovation est relativement récente.
L’extérieur
La façade
Goethe: « Plus je contemple la façade de la cathédrale, plus je suis conforté dans ma première impression qu’ici élévation est alliée à la beauté ».
Pour avoir une vue d’ensemble de la magnifique façade, il faut se positionner rue Mercière. Le visiteur est frappé par le travail richement orné des artisans-maçons. L’exemple le plus aboutit – et unique en France – est le « rideau », constitué de harpes de pierre, fixé au-devant des murs porteurs.
Les tympans de ses trois portails, surmontés d’un double gable, sont consacrés à la vie du Christ.
Le portail central
C’est celui de la façade le plus richement décoré. Ici, les statues des prophètes de l’Ancien Testament sont représentées dans les cinq voussures du portail. Ces personnages sont censés faire le lien entre les temps anciens et les temps modernes, et sont donc les garants du bon déroulement de l’histoire.
Dans les quatre registres historié du tympan, on y lit des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, avec pour thème central la Passion du Christ Trônant au centre de l’ensemble, une statue de la Vierge à l’Enfant personnifie la Sagesse universelle (la Sophia des Grecs), l’axe autour duquel tout s’ordonne. Une autre statue de la Vierge est située au-dessus du tympan, elle-même surmontée d’une statue du Christ, Roi et Juge, dont le trône est entouré de lions musiciens.
Le portail de gauche
Les voussures du portail nord sont décorées de statues du 14e siècle représentant les vertus, majestueuses et sveltes, terrassant les vices et, entourant le tympan, d’anges et autres personnages bibliques. Le registre du tympan a pour sujet l’enfance du Christ (sa naissance, la fuite en Egypte, la Présentation au Temple).
Le portail de droite
Il illustre la Parabole des Vierges Sages et des Vierges Folles. Cinq Vierges Sages tiennent une lampe et les tables de la loi ouvertes, et à leur côté, le mari idéal. Les cinq Vierges Folles, quant à elles, tiennent leurs lampes retournées, serrent les tables de la loi fermées, et à côté, le tentateur tenant la pomme de la tentation et des reptiles dans son dos. De manière logique, le registre du tympan raconte le Jugement dernier.
La Grande Rosace et la Galerie des rois
Au-dessus des tympans, la rosace d’Erwin von Steinbach, attire le regard et constitue le point central de la façade. Cet ouvrage d’un diamètre de 15 mètres est unique en son genre car, contrairement à la tradition gothique de la composer de saints, il s’agit ici d’épis de blé, symbolisant la puissance commerciale de la ville au Moyen-âge.
Au dessus de la rosace, la galerie des apôtres est le point d’honneur de la riche statuaire caractérisant la façade. Pendant la Révolution, on donna l’ordre de détruire toutes les statues. Plus de 230 furent détruites, mais le bilan aurait pu être plus lourd si un administrateur des Biens Publics n’était parvenu à en cacher 67 !
Dans les niches des galeries du premier et du deuxième étage on aperçoit les statues équestres de vingt monarques depuis Clovis Ier jusqu’à Louis XIV. Ces statues furent sans surprise parmi les premières à subir les affres de la Révolution et furent détruites, avant d’être renouvelées au 19e siècle.
La flèche
Le clocher unique de la cathédrale et sa flèche magnifique symbolise la ville de Strasbourg depuis plusieurs siècles. Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, la flèche s’élève à 142 mètres de hauteur et demeure aujourd’hui, la plus haute structure médiévale dont a hérité l’Europe. Car si les cathédrales de Cologne (157 m) et Ulm (161 m) en Allemagne et celle de Rouen (151 m) en France ont dépassé le record tenu par Strasbourg de 1647 à 1874, l’édification de leurs tours ne date que du 19e siècle.
En comparaison, les tours de Notre-Dame de Paris atteignent 69 m et la flèche de la croisée du transept, édifiée par Viollet-le-Duc au 19e siècle s’élève à 96 m de hauteur.
La silhouette singulière de la cathédrale est due à plusieurs changements de plan dans l’histoire de sa construction.
Il nous est parvenu plusieurs plans de projets dont les 4 schémas A, B, C et D sur lesquels a travaillé le célèbre architecte de la cathédrale, Erwin von Steinbach.
Le projet A est l’un des plus anciens dessins d’architecture conservés en Occident, datant des années 1260.
Le Projet B prend pour modèle la façade de la cathédrale de Troyes (2 tours, 3 portails et un second étage avec une rose centrale) et finit par le dépasser nettement dans l’élaboration opulente et nouvelle des formes gothiques.
Le plan original de sa façade par Erwin von Steinbach ne comportait que deux étages et deux tours coiffées de flèches.
Maître Gerlach continua les travaux entre 1355 et 1365 et acheva le troisième étage des clochers. Toutefois, l’édification prévue des flèches fut abandonnée, et ce pour plusieurs raisons. En 1356, la ville de Bâle et le Sundgau (Sud de l’Alsace) furent détruits par un tremblement de terre, ce qui réduisit peut-être les ardeurs des bâtisseurs et de certains habitants traumatisés. De plus, la Grande Peste de 1349 causa des pertes humaines énormes et entraîna des difficultés financières pour la ville.
Si bien qu’en 1365, la silhouette de la cathédrale ressemblait alors étrangement à celle de Notre-Dame de Paris, et ses tours, d’une hauteur de 66 mètres, en étaient de 3 mètres inférieures. Vers 1383, après la mort de Gerlach, son successeur Michel de Fribourg décida de combler l’espace compris entre les tours. Le premier Magistrat de Strasbourg n’appréciant pas la nouvelle silhouette de la cathédrale, confia à Ulrich d’Ensingen la tâche d’ériger un clocher de forme octogonale à la base d’une hauteur de 34 mètres sur la tour Nord. La tour ressemble étrangement à celle de la cathédral d’Ulm en Allemagne (la plus haute du monde), sur laquelle l’architecte a également travaillé. L’ensemble atteignit alors une hauteur de 100 mètres.
Ulrich d’Ensingen avait prévu de coiffer la tour d’une flèche relativement simple. Mais Jean Hültz de Cologne, reprenant la suite des travaux, changea complètement le projet et élabora une flèche très complexe et gracieuse.
Chacune des arêtes de la tour octogonale porte une succession de six petits escaliers à vis hexagonaux, eux-mêmes suivis par quatre autres escaliers en circonvolution dans quatre immenses pinacles posés sur quatre des angles de la tour et bien visibles de l’extérieur. La construction de la flèche, d’une hauteur de 42 mètres, ne fut achevée que beaucoup plus tard, en 1439. A cette date, le premier Magistrat avait de quoi être satisfait du travail, car les Strasbourgeois considéraient l’édifice comme un symbole de puissance et de grandeur de leur ville.
A plusieurs reprises, le projet d’une deuxième flèche jumelle fut abordé. Ainsi, en 1490, l’architecte Hans Hammer dessina le plan d’une deuxième flèche, mais son projet ne fut pas réalisé. Ce fut peut-être le signe que l’art gothique était passé de mode (la Renaissance fleurissait déjà en Italie) ou, plus rationnellement, que les comptes de la Ville libre étaient trop pauvres pour entreprendre un tel ouvrage. D’autres spécialistes estiment plutôt que la construction d’une deuxième tour sur un sol réputé instable aurait pu faire déséquilibrer l’édifice et occasionner des dégâts importants. Plus tard, au 19e siècle, des architectes allemands émirent l’idée d’une flèche jumelle, sans rencontrer de succès… le symbole de la cathédrale au clocher unique était déjà ancré dans le cœur des Strasbourgeois, en qui ils voyaient la puissance de la République de la Ville libre de Strasbourg au Moyen-âge.
La terrasse panoramique
La première plate-forme, à 66 mètres, est accessible au public osant gravir les 330 marches. La vue sur la ville de Strasbourg y est spectaculaire et par beau temps, on peut apercevoir la Plaine d’Alsace, les Vosges et la Forêt-Noire (Allemagne). A partir de cet endroit, il n’est plus possible de gravir les marches supplémentaires de la Tour Nord.
La deuxième plate-forme est celle de la grande tour, à une hauteur de 100 mètres. Elle marque la fin de la tour et le début de la flèche.
C’est en montant à cette plate-forme que l’on peut admirer la somptueuse série de cloches dont la sonnerie est une des plus grandes de France, et, d’après les experts campanologues, l’une des plus parfaites d’Europe. Cette volée de cloches s’appelle la Torglocke ou Zehnerglock (cloche de dix heures).
Quant à la plus grosse cloche de Strasbourg – le Grand Bourdon -, elle ne se situe pas dans la tour mais en-dessus de la Grande Rosace. Le Totenglocke (son nom en allemand qui signifie la cloche des morts) fut coulé en 1427 par maître Hans Gremp de Strasbourg et pèse près de 9 tonnes. En 1982, la fameuse cloche a été classée monument historique à titre d’objet.
A 132 mètres, la plate-forme de la flèche marque la fin de la flèche et le début de la pointe. Elle ne peut accueillir qu’une petite dizaine de personnes simultanément. Enfin, à 136 mètres, la minuscule – et dernière – plate-forme hexagonale de la pointe, termine cette ascension vers le ciel. En 1794, un Strasbourgeois coiffa la flèche d’un immense bonnet phrygien en fer-blanc. Pour certains révolutionnaires ardents, – les Jacobins – la flèche symbolisait l’inégalité et devait donc être abattue. Ceci fut une des ruses des protecteurs de la cathédrale qui, sous prétexte de narguer l’ennemi germanique en brandissant un symbole de la Révolution, évita sa destruction. Pour les chanceux qui peuvent être autorisés à l’atteindre, la vue y est sans nulle doute fantastique.
Le Portail Latéral Sud du transept
Le portail latéral Sud du transept est une des parties visibles de la cathédrale les plus anciennes car de style roman. Il est flanqué de trois statues représentant de gauche à droite l’Eglise (majestueuse et couronnée), le roi Salomon (au-dessus de deux autres petites statues d’enfants évoquant son célèbre jugement) et la Synagogue (les yeux bandés, signe du refus de la vraie foi par la religion juive). Quant aux deux tympans romans, ils dépeignent la Dormition et le Couronnement de la Vierge.
Ce portail a acquis son surnom de « Porte du Jugement », en partie grâce à la représentation de Salomon, mais aussi parce que ce fut à cet endroit que l’évêque de Strasbourg tenait son tribunal. Le très populaire et désormais célèbre « Marché de Noël » se tint originellement à cet emplacement.
Le Portail Latéral Nord du transept
Le portail du transept Nord, de style Gothique tardif flamand, est plus récent que celui du Sud. Réalisé par Jean d’Aix-la-Chapelle, il est dédié à St Laurent et relate son martyre.
L’intérieur de la cathédrale
L’intérieur de la cathédrale est majestueux, avec sa nef aux belles proportions et respectueuse du style gothique dit classique. Haute de 31 mètres, elle dépasse celle de Rouen (28 m) mais reste bien en-dessous de celle de Metz (41,4 m).
Les dimensions réduites du chœur et la longueur de la nef de 63 mètres (parmi les plus longues de France) accentue l’impression de disproportion.
La nef
La nef s’étend sur 7 travées et s’élève sur trois étages (grandes arcades, triforium et fenêtres hautes). Haute de 32 m et large de 36 (collatéraux compris), elle est édifiée dans le style du gothique rayonnant.
C’est dans cette nef que fut célébré le mariage du Roi Louis XV le 4 septembre 1725 avec Marie Leszczynska.
Les vitraux
Elle contient une riche collection de vitraux (plus de 4,600 panneaux), la plupart datant des 12e, 13e et 14e siècles.
Dans le collatéral Nord, ils représentent les différents Empereurs du Saint-Empire (13e siècle).
Les vitraux du triforium représentent les ancêtres du Christ suivant la généalogie de l’Evangile de Luc.
Ceux de la nef latérale Sud (à droite en remontant du fond) sont en mauvais état et illustrent des épisodes du Nouveau Testament de la vie de la Vierge Marie et du Christ.
Les vitraux de la nef dépeignent la vie des Saints.
Enfin, derrière soi, on peut admirer au-dessus du grand portail, la Grande Rosace. Sa forme ronde exprime tout à la fois l’image du cosmos, de la Terre, du Soleil souvent pris comme symbole de Dieu veillant sur sa création.
Le rôle des vitraux étaient d’aider ceux qui ne savaient pas lire à illustrer les récits dont leur parlaient les prédicateurs du haut de la chaire, à la manière d’une bande dessinée. C’était la « Bible des pauvres », c’est-à-dire une succession de petits tableaux assez facilement identifiables pour les gens de l’époque.
En remontant la nef depuis le portail, le visiteur découvre sur sa gauche le grand orgue accroché en nid d’hirondelle au triforium. Son buffet du 14e siècle s’étend sur une travée entière de la nef.
La chaire de Geiler de Kaysersberg
Deux travées plus loin, la magnifique chaire hexagonale exécutée en style gothique flamboyant comprend une statuaire d’une cinquantaine de petites figurines. Cette œuvre de Hans Hammer pour le prédicateur Geiler de Kaysersberg n’est plus utilisée de nos jours pour des raisons pratiques. C’est de là qu’étaient expliquées et commentées les lectures de la Bible lues au cours de la messe. Cette chaire, très richement décorée, exprime dans la magnificence de ses sculptures l’importance essentielle du Livre saint, la Bible, dont les paroles doivent être annoncées jusqu’aux extrémités du monde. Remarquez la petite sculpture d’un chien sur les escaliers. Elle évoquerait le temps où Geiler de Kaysersberg venait prêcher sur cette chaire accompagné de son chien.
Le transept
Dans le bras Sud du transept figurent deux éléments particulièrement remarquables : le pilier des Anges et l’Horloge Astronomique.
Le pilier des anges
Le pilier des anges, prouesse architecturale à l’époque de sa construction vers 1230, sert de pilier central du transept Sud. Il porte douze sculptures : les 4 évangélistes, des anges jouant de la trompette et, plus haut, le Christ-Juge, assis, serein et bienveillant, est entouré d’anges portant les instruments de la Passion. Le pilier est également appelé « pilier du Jugement dernier » car il met en scène le jugement évoqué dans le livre de l’Apocalypse.
Près du pilier, notez la statue d’un homme accoudé à une balustrade. Il s’agirait d’un architecte concurrent envieux qui prédit qu’un tel pilier ne pourrait jamais soutenir la voûte. Il déclara qu’il attendrait que l’ensemble s’effondre pour prouver la véracité de sa conviction. Il est toujours là, à attendre…
L’horloge astronomique
L’énorme et complexe Horloge Astronomique située dans le croisillon droit du transept est un chef d’œuvre de la Renaissance. Sculpteurs, peintres, techniciens, mathématiciens et horlogers suisses ont travaillé de concert à cette curiosité extrêmement populaire auprès des visiteurs de la cathédrale : on estime à 3 millions le nombre de visiteurs venant admirer son mécanisme. Ce formidable chef d’œuvre est révélateur de la fierté qu’éprouvèrent les Strasbourgeois en comptant leur cathédrale parmi les sept merveilles de l’Allemagne.
Le mécanisme actuel date de 1842. La première horloge fut réalisée en 1571 avec le même buffet de style Renaissance et les mêmes décorations et personnages animés. Son mécanisme cessa de fonctionner un jour de 1788 et elle resta « muette » pendant de longues années, jusqu’en 1838 où l’on confia sa réparation à un Alsacien, Jean-Baptiste Schwilgué (1776-1856). Autodidacte, cet ancien apprenti horloger puis professeur de mathématiques et vérificateur de poids et mesures de 61 ans avait voulu dès son enfance se consacrer à la réparation de l’horloge au mécanisme très complexe. Pendant 30 ans, il en ausculta le mécanisme et tenta de comprendre les raisons de sa panne. Le mécanisme de l’horloge fut entièrement recréé grâce aux connaissances de Schwilgué, notamment en matière de confection de rouages d’horlogerie. Depuis la fin des travaux, en 1842, jusqu’à aujourd’hui, la fascinante Horloge Astronomique indique l’heure, le calendrier civil et ecclésiastique, ainsi que des indications astronomiques tel le signe du zodiaque, la phase lunaire et la position de plusieurs planètes.
Les sept jours de la semaine sont signalés par des divinités, installées sur des chars : Apollon (dimanche), Diane (lundi), Mars (mardi), Mercure (mercredi), Jupiter (jeudi), Vénus (vendredi) et Saturne (samedi). En regardant de plus près, on s’aperçoit que Saturne est représenté en train de dévorer l’un de ses enfants, ce qui est interprété comme le temps qui détruit ce qu’il produit.
La maintenance hebdomadaire de l’horloge est effectuée par un horloger tous les lundis.
C’est son jeu d’automates qui attire pourtant les visiteurs. Tous les quarts d’heure, ceux-ci se mettent en mouvement mais le jeu complet des personnages animés a lieu tous les jours, à midi heure de Strasbourg – en fait 12h30 en France !
Un ange sonne sur une cloche tandis que le second retourne un sablier. Au même instant, quatre personnages, représentant les quatre âges de la vie (l’enfant, le jeune homme, l’homme mûr et le vieillard) défilent devant la Mort. Au dernier étage de l’Horloge, ce sont les douze Apôtres qui défilent devant le Christ en le saluant. Ce dernier les bénit et le coq perché sur la tour de gauche bat des ailes en lançant par trois fois son cocorico (allusion au reniement de Pierre dans les Evangiles).
Depuis quelques années, la présentation de l’Horloge aux visiteurs a été entièrement repensée. Un film projeté sur un écran à côté de l’Horloge en français, allemand ou anglais présente la curiosité et son histoire.
Notre conseil : devant la popularité de l’Horloge, mieux vaut se présenter devant elle plus d’une demi-heure avant le déclenchement du mécanisme, c’est-à-dire avant midi. Un faible prix d’entrée sera demandé, sauf les dimanches et fêtes où l’accès à l’horloge est libre et gratuit après la messe de 11 heures.
Le chœur
Le chœur roman est surélevé par rapport au reste de la nef et du transept car il est situé au-dessus de la crypte. Sa coupole en cul-de-four est décorée de fresques néo-byzantines datant du 19e siècle. Il est orienté à l’Est, vers Jérusalem, comme il est de tradition dans la construction des cathédrales du Moyen-âge (comme à Notre-Dame de Paris et les cathédrales de Metz et Rouen).
Le vitrail placé au centre du chœur est contemporain et fut offert par le Conseil de l’Europe en 1956 pour remplacer le précédent détruit pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il représente la Sainte Vierge habillée de bleu. Assis sur ses genoux, L’Enfant Jésus porte un habit rouge (symbole de la royauté) et tient un lys dans sa main, emblème de la ville de Strasbourg. Le vitrail comprend dans sa partie supérieure le drapeau de l’Union européenne : douze étoiles de couleur or sur fond bleu azur.
Au fond du chœur se tiennent douze bustes représentant les douze apôtres. Contrairement à la coutume, l’apôtre prenant la place de Judas, Matthias, est lui-même remplacé par l’apôtre Paul.
La crypte
Située sous le chœur, la crypte est, comme pour beaucoup de cathédrales gothiques, la partie la plus ancienne de l’édifice et une partie de l’endroit contient les vestiges de l’ancienne basilique érigée par Werner de Habsbourg au 11e siècle. La crypte contient les caveaux des évêques de Strasbourg dans un hémicycle couvert de voûtes d’arêtes. Celles-ci reposent sur une alternance de colonnes et de piliers dont les chapiteaux sont grossièrement sculptés de motifs végétaux ou d’animaux fabuleux.
Pour faire respecter le lieu de culte, un sens de visite a été établi ; en semaine entre 10h et 17h30, et les dimanches entre 12h30 et 18h30.
La Cathédrale de Strasbourg est un vrai chef d’oeuvre, à l’image de la ville qui est très belle et de l’histoire de Strasbourg qui est très riche…