Belfort et sa Trouée, entre Alsace et Franche-Comté

Aujourd’hui, le Tour de France part de Belfort, une petite ville de province située aux confins de la France près de l’Allemagne et de la Suisse.

Une trouée pour Belfort !

Belfort peut s’enorgueillir d’une position géographique non négligeable à l’échelle européenne : sa région constitue le point de rencontre entre le bassin rhodanien et celui du Rhin. C’est dont à l’intérieur de ce territoire que se situe la fameuse Trouée de Belfort, autrement dénommée « Porte d’Alsace » ou « Porte de Bourgogne » selon le côté où l’on se trouve !

En réalité, la « Trouée de Belfort » ne se situe pas à Belfort même, mais à 14km à l’est de la ville, à Valdieu, une petite commune du département du Haut-Rhin. Au lieu précis de « col de Valdieu », le défilé de 30 kilomètres de largeur entre les ramifications des Vosges et la muraille septentrionale du Jura descend à 350 mètres d’altitude. Il n’est pas étonnant de constater que Valdieu est traversé par l’ancienne route nationale 19 de Paris à Bâle (Suisse), une voie ferrée (Strasbourg-Lyon) et le canal (déclassé) du Rhône au Rhin qui aligne de façon inattendue et surprenante une série d’écluses rapprochée. Quant à l’autoroute A 36 (La Comtoise), reliant Mulhouse à Beaune, son parcours a été tracé à quelques kilomètres au nord de Valdieu.

Vue générale de Belfort et la ligne bleue des Vosges en arrière-plan © French Moments

Le petit département du Territoire de Belfort

L’histoire de Belfort n’est pas de tout repos ! Jusqu’en 1871, Belfort et son territoire faisaient intégralement partie du département du Haut-Rhin. De langue romane, Belfort appartenait à l’Alsace et non à la Franche-Comté. Lorsque l’armée française a été vaincue par celle de Bismarck en 1871, les Français ont dû céder aux vainqueurs des territoires de cultures et langues germaniques (quelques communes du nord-est de la Lorraine et Alsace). Les préliminaires de paix franco-prussiennes, signées le 26 février 1871, fixèrent la nouvelle frontière à l’ouest du département du Haut-Rhin, mais l’article 1 stipula :

« Par contre, la ville de Belfort et ses fortifications resteront à la France avec un rayon qui sera déterminé ultérieurement… »

Ce fut l’objet de difficiles négociations lors de la rédaction du Traité de Francfort. L’état-major prussien vit l’avantage d’une initiative française proposant l’échange de 12 communes lorraines riches en fer contre 60 du Haut-Rhin qui restèrent françaises. Aussitôt énoncée, l’idée fut acceptée par les Prussiens et entérinée à l’Assemblée nationale française.

Metz et le département de la Moselle furent échangés et donnés aux Prussiens contre Belfort et sa périphérie haut-rhinoise. La partie détachée du Haut-Rhin restée française n’a pas tout de suite été appelée « Territoire de Belfort », mais plutôt « la circonscription française du Haut-Rhin ». Il faut attendre 1922 seulement pour que le Territoire de Belfort, « l’entité provisoire en attendant le retour à la France du Haut-Rhin annexé » devienne un département officiel.

Malgré le retour du  Haut-Rhin dans la France républicaine en 1918, les autorités françaises n’ont pas tenu à un retour du Territoire dans le département tel que la Constituante de 1789 l’avait organisé.

L’architecture des rues du vieux centre de Belfort révèle l’ancienne appartenance de la cité au sud de l’Alsace © French Moments

Le lion de Belfort

L’une des curiosités les plus renommées de Belfort est le remarquable « Lion de Belfort », une monumentale statue sculptée par Auguste Bartholdi, également célèbre pour sa « Statue de la Liberté » dressée à l’entrée du port de New York.

Alors que les Prussiens occupent encore la ville, le Conseil municipal émit l’idée d’édifier « un monument à la mémoire des victimes du mémorable siège de 1870-71 ». C’est Bartholdi, natif de Colmar, qui fut choisi pour présenter ses études. Il a été convenu que le monument soit installé de sort qu’il soit bien en vue et qu’il devienne « une chose nécessaire à l’œil. Il doit vivre avec la vie publique, devenir un besoin dans l’aspect de la ville et s’identifier à elle ». Le 12 aout 1872, Bartholdi précisa son projet d’un monument élevé « sur la roche si grandiose qui domine Belfort, où il s’identifiera à l’aspect de la forteresse. Il représentera sous forme colossal un lion harcelé, acculé et terrible encore en sa fureur. Il serait placé sur un piédestal contre la paroi du rocher ». En décembre 1873, de tous les coins de France, les dons ont été recueillis. Les travaux se sont terminés en mai 1880. Taillé en pierre de grès des Vosges de couleur rougeâtre, adossé au rocher sous le château, il mesure 22 mètres de long et 11 mètres de haut. Malgré l’absence d’inauguration officielle, le Lion est devenu le symbole patriotique de la ville.

Le fameux Lion de Belfort par Bartholdi en grès des Vosges © French Moments

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