Chocoline, la poule de chocolat qui cherchait le printemps

Tous les enfants qui ont suivi la collection de livres « Daniel et Valérie » à l’école primaire il y a 30 ans se souviendront de cette histoire impliquant une poule en chocolat à la recherche du printemps. Les petits gourmands qui, comme moi, ont lu cette histoire, auraient tant voulu être à la place de la petite Valérie (la veinarde qui mangea les débris de la poulette à la fin de l’histoire). Et c’est peut-etre pour cette raison qu’on s’en souvient encore ! En tout cas, l’histoire de Chocoline, la délicieuse poule de chocolat, sent bon le printemps en France et se lit facilement à la veille de Pâques

Les cloches réveillent Chocoline

Ce matin-là, veille de Pâques, au petit jour, il se passa quelque chose d’extraordinaire dans la boutique du confiseur. Toutes les cloches en chocolat se mirent à sonner…

Les cloches réveillent chocoline

Les cloches réveillent chocoline

Elles réveillèrent Chocoline, la grosse poule de chocolat, pleine de petits œufs à la liqueur, qui dormait sur son nid. Elle voulut s’étirer, mais le grand nœud de ruban rouge, serré autour de sa taille, l’obligea à rester tranquille.

– Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle.

Toutes les cloches répondirent :

– Pâques arrive … ! Pâques ! Pâques ! C’est le printemps : Ding Dong !

– Comment est-il le printemps ?

– Oh ! Elle ne sait pas ce que c’est que le printemps ! rirent toutes les cloches. Au fait, comment lui expliquer ?

L’une murmura :

– Le printemps, c’est comme un tout petit enfant avec plein de fleurs dans les mains.

– Non, corrigea la voisine, le printemps c’est un beau jeune homme, habillé de vert et qui sourit.

– Non, dit une autre, le printemps c’est une jeune fille aux cheveux blonds, avec une robe fleurie et des guirlandes au bout des doigts.

– Non, non, protesta la foule des cloches, et elles se mirent à parler toutes en même temps, on entendait des mots : fleurs, nids, chansons, soleil,… en un gai carillon.

– Je n’y comprends rien, dit Chocoline, si vous parlez toutes en même temps, je ne saurai jamais comment est le printemps.

Mais les cloches étaient lancées, impossible de les arrêter ! Chocoline se dit : Je voudrais bien connaître le printemps, mais comment le trouver ? On me renseignera en route, je vais partir au-devant de lui.

Chocoline à la recherche du printemps

Chocoline à la recherche du printemps

Chocoline réussit à se glisser hors du ruban rouge. Elle quitta son nid en chocolat et elle sortit dans la rue.

Personne ne s’étonna de voir Chocoline. Elle ressemblait à une poule ordinaire. Il y avait bien dans son ventre, ces petits œufs sucrés qui ballottaient et lui pesaient, mais elle s’y habitua.

Passant près d’un panier posé sur le trottoir, elle aperçut de belles jonquilles jaune pâle :

– Jonquilles, où est le printemps, je vous prie ?

– Le printemps ? Mais c’est un peu nous.

Chocoline crut qu’elles se moquaient d’elle. Elle continua son chemin.

Jonquilles © French Moments

Plus loin, sur le bord d’une fenêtre, un pot de jacinthe bleue la regardait de toutes ses clochettes ouvertes :

– Jacinthe, dis-moi où est le printemps, je le cherche.

– Le printemps ? C’est un peu moi, dit la jacinthe, mais tu le trouveras guère à la ville, il se plaît mieux à la campagne.

Elle marcha longtemps et arriva à la campagne. Près de la route, elle entra dans un poulailler pour se renseigner. Mais les poules se lèvent de bonne heure : elles étaient déjà parties. Dans un nid vide, Chocoline se débarrassa des petits œufs qui encombraient son ventre. Elle se sentit plus légère. Les enfants de la ferme trouvèrent, dans la matinée, les petits œufs à la liqueur de Chocoline au milieu des œufs des poules. Quel régal pour fêter Pâques !

Chocoline cherche toujours

La poule de chocolat © French Moments

Chocoline repartit plus légère. Il faisait bon ; le soleil lui caressait les ailes. Des petites pâquerettes faisaient la roue dans l’herbe. Des buissons, pressés d’être jolis, s’étaient garnis de fleurs, sans attendre les feuilles.

Elle appela :

– Pâquerettes, buissons, dites-moi où est le printemps ?

– Le printemps, mais c’est un peu nous, répondirent-ils ensemble.

– Vous vous moquez de moi, se fâcha Chocoline. Je veux voir le printemps ! Où est-il donc ?

– Cherche, siffla le merle.

Notre poule arrivait au bord d’un petit bois. Tout à coup, deux notes chantèrent : Coucou ! Coucou !

– Maman, demanda un petit garçon, entends-tu le coucou ?

– Oui, c’est le printemps, répondit la mère.

C’est le printemps ! A ces mots, Chocoline fut transportée de joie. Voilà ! C’est lui ! Je comprends ! Il est dans le bois. Il joue à cache-cache. Je le trouverai maintenant. Comment est-il ? Est-ce un enfant, un jeune homme ? Est-ce lui qui laisse tomber de ses mains toutes ces fleurs ?

Elle s’enfonça dans le bois, et la voix mystérieuse semblait la suivre, et s’éloigner, et puis revenir : Coucou, coucou, coucou !

Mais pas de printemps. Elle n’aperçut qu’un petit oiseau qui sautillait dans les branches.

Ne rencontrerait-elle jamais le printemps ?

Chocoline meurt de bonheur

Chocoline arriva dans une jolie prairie ensoleillée. Une petite maison proche y souriait de toutes ses fenêtres ouvertes. Dans le jardin des pêchers roses ressemblaient à de gros bouquets. Pour quelle fête étaient-ils dressés ?

Deux pigeons roucoulaient doucement. Chocoline avançait, et ses pattes écrasaient les violettes.

– Comme je suis bien, murmura la poulette.

Le soleil réchauffait si agréablement ses plumes, qu’elle s’accroupit dans un creux, écarta un peu les ailes, et ne bougea plus. Elle comprit cette fois qu’elle avait trouvé le printemps.

Bien sûr, on ne pouvait le voir près de soi, mais il était là cependant.

L’oiseau du bois avait bien raison. Coucou ! Le printemps est là, sur la branche de saule aux chatons de velours gris. Coucou ! Il est là, dans le parfum de l’aubépine. Coucou ! Il chante dans l’arbre, il est sur le sol. Coucou ! Il est dans le ciel, plus clair et plus bleu. Il est partout quand son heure est venue. Coucou !

– Comme je suis bien, répète Chocoline. Je me sens toute amollie. Mais … qu’est-ce qui m’arrive ?

Elle se tait. Son cou se plie, sa tête touche le sol…

C’est le soleil, déjà chaud, qui fait doucement fondre la poule en chocolat.

Chocoline meurt de bonheur

Et ce fut Valérie, la petite fille de la ferme, qui la ramassa. Elle se régala des débris de Chocoline, qui était morte de bonheur pour avoir rencontré le printemps.

D’après Marie-Louise VERT « Contes de Perette » (Les Editions Claires)

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4 réponses à Chocoline, la poule de chocolat qui cherchait le printemps

  1. Ludovic Lebon dit :

    Ça fait vraiment plaisir de retrouver cette histoire ke j ai étudié pour la première fois au CP il y a 28 ans

  2. Jean-Pierre dit :

    J’ai lu l’histoire de chocoline que je n’oublie pas, d’ailleurs je ne crois pas que je l’oublierai, car à 52 ans , à chaque fête de Pâques je la lis. Est ce parce qu’en primaire je l’ai trouvé triste.

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