A l’occasion de l’édition 2012 du Carnaval de Nice qui se tient du 17 février au 4 mars, nous avons parlé des carnavals organisés en France. Voici une description de l’un des plus beaux carnavals de France : celui de Nice.
La tradition du Carnaval ramène au Moyen-Âge. L’étymologie du mot « carnaval » la plus communément retenue est « carne levare », « enlève la chair ». À cette époque, les Niçois, avant de jeûner pendant 40 jours, selon la tradition catholique du Carême, profitaient d’une cuisine riche et copieuse.
L’histoire du carnaval de Nice
Cette période festive était accompagnée d’une série d’animations : bals, mascarades, danses, farandoles, feux de joie, exhibitions diverses. Il était alors de mise de se moquer de tout et de tous aux dépens de chacun, caché derrière un masque, protégé par un déguisement et ce, jusqu’au Mardi-gras.
La première mention retrouvée de ces réjouissances remonte à 1294, lorsque Charles d’Anjou, Comte de Provence, signale avoir passé à Nice « les jours joyeux de Carnaval ».
Au 17e siècle, les excès ont rapidement été contrôlés par les « Abbés des Fous » chargés, par le clergé, de canaliser la liesse populaire. Sous l’influence du Carnaval de Venise, le Carnaval de Salon se développe comme les « Veglioni » au détriment des distractions de la rue. Les fêtes de Carnaval ont été interrompues lors des grands évènements politiques et militaires qui ont marqué l’histoire comme durant la Révolution française ou le 1er Empire.
En 1830, un 1er cortège a été organisé en l’honneur de Charles-Felix et de Marie-Christine, souverains du Royaume de Piémont Sardaigne. La trentaine d’équipages défilant pour le roi et la reine annonçaient le futur déroulement du Carnaval. Jusqu’en 1872, la fête battit son plein, dans les rues de Nice, au gré des inspirations de chacun : la foule déguisée se bombardait de confetti de plâtre, de farine et d’œufs. En effet, impossible d’envisager un carnaval sans confetti. La mode n’a pas toujours été à ces légères pastilles de papier colorées. Vers 1830, les « Coriandol » (des friandises coûteuses) sont apparues, rapidement remplacées par des œufs remplis de suie ou de farine, des haricots ou pois chiches jusqu’à l’apparition des confettis en plâtre. Dangereux, ils ont été définitivement proscrits, en 1955, et convertis en papier pour la plus grande joie des protagonistes.
En 1873, le Niçois, Andriot Saëtone a pris l’initiative de fonder le « Comité des Fêtes » qui, sous le patronage de la municipalité, a été chargé d’organiser et de donner de l’ampleur aux festivités. Des cortèges de chars, des tribunes payantes, une mise en scène structurée… ont fait leur apparition.
Ainsi, le 23 février 1873, Carnaval 1er entre dans la ville. Le Carnaval moderne était né, auquel Alexis Mossa et son fils, Gustav Adolf, ont apporté, jusqu’en 1971, un étonnant particularisme, actualité, grotesque et fabuleux, réalisant les maquettes des chars les plus spectaculaires à Nice.
Le 14 février 1882, Sa Majesté « Triboulet » a fait une entrée triomphale dans la cité : le modeste pantin de paille et de chiffons, jusque-là spectateur immobile sur la place de la Préfecture, participait pour la première fois au cortège, trônant sur le « Char royal » identique à celui d’aujourd’hui.
Les cortèges se déroulaient au cœur de la ville selon une dizaine de parcours différents et sitôt les animations terminées, la fête se prolongeait dans les quartiers ; de petits chars créés pour l’occasion devenaient les symboles des festivités plus localisées encore.
Les premières et secondes guerres mondiales ont empêché Carnaval de régner durant plusieurs années. En 1991, Carnaval devait être « Roi des Fous », mais la Guerre du Golfe l’oblige à renoncer également…
Pour fêter le Roi de l’euroland, en 2002, des Ymagiers issus de la presse européenne et même mondiale ont été appelés à livrer leur vision du passage à l’euro. À évènement unique, choix de dessinateurs unique !
En ce début de siècle, le choix des thèmes, de même que la réalisation des chars sont particulièrement soignés. Les carnavaliers ont ainsi intégré de nouveaux matériaux, des technologies de pointe et la collaboration de sculpteurs.
La fréquentation du Carnaval de Nice
En 2011, l’affluence a été plus que satisfaisante et la billetterie en a été la première bénéficiaire avec 10 % d’augmentation. Ces 10 % tiennent compte du fait qu’une bataille de fleurs avait dû être annulée en 2010, même mouvement positif de la fréquentation estimée à plus d’un million dans la ville. Plus de 184 140 billets émis ont été vendus durant Carnaval, les recettes globales sont de l’ordre de 2 338 400 €. L’ensemble des retombées économiques est estimé entre 30 et 35 M € pour un budget d’environ de 6,8 M €.
Le cortège carnavalesque en chiffres
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20 chars de 12 m de long sur 3 de large et de 8 à 18 m de haut
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Les 3 chars en tête de cortège sont toujours le Roi, la Reine, Carnavalon et leur cour de 17 chars
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Une vingtaine de groupes différents chaque week-end participent aux corsi et aux batailles de fleurs
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1/3 d’art de rue et de musiques niçoises et régionales
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1/3 de délégations musicales et 1/3 de troupes d’animation venues du monde entier
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20 tonnes de confetti seront utilisées sur les corsi et batailles de fleurs par les spectateurs et les artistes… Ces flocons fétiches des corsi sont devenus au fil du temps les acteurs inévitables d’un Carnaval réussi ; de nombreuses troupes et même quelques chars vont bombarder les cortèges de pastilles multicolores et de fleurs…
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4 à 5 tonnes de déchets et autres reliefs de la fête récoltés par le service du nettoiement de la ville en 1h30 sur les batailles de fleurs et 2h sur les corsi.
Cet article a été écrit grâce aux informations citées sur le site Internet du Carnaval de Nice.
Notre prochain bulletin poursuivra la découverte de la ville alsacienne de Strasbourg avec la visite de sa vieille ville.