Il y a 93 ans, on signait la fin de la Première guerre mondiale

En ce moment, des millions de téléspectacteurs britanniques se passionnent pour « Downton Abbey », une série dont l’action a lieu en pleine Première guerre mondiale. De l’autre côté de la Manche, on se prépare à commémorer la fin de ce conflit où plus de 9 millions de personnes y ont laissé leur vie, et environ 20 millions ont été blessées.

Le 11 novembre 1918, l’armistice de la Première Guerre Mondiale a été signé dans la clairière de Rethondes, aujourd’hui en Picardie. Cette rencontre insolite des belligérants dans un wagon-restaurant en pleine forêt de Compiègne a officialisé la victoire des alliés et la capitulation de l’Allemagne.

Photographie prise dans la forêt de Compiègne, devant le wagon-salon du train de Foch où vient d’être signé l’armistice. Ce wagon fut réquisitionné auprès de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits afin d’être affecté au train de l’état-major. Le maréchal Foch est au premier plan, second sur la droite, entouré par les deux amiraux britanniques Hope et Rosslyn Wemyss.

Depuis la loi du 24 octobre 1922, le 11 novembre est le « jour du Souvenir », un jour férié en France, et une commémoration annuelle pour les pays d’Europe et du Commonwealth. Aux Etats-Unis, le Veterans Day reprend cette commémoration en l’élargissant à tous les vétérans de guerre. Alors qu’il n’existe plus aucun combattant en vie aujourd’hui et qu’il existe aujourd’hui de moins en moins de personnes ayant vécu la guerre, on pourrait penser que le souvenir de cette époque s’effacerait au fil du temps. Mais le souvenir de cette guerre reste encore marqué dans les esprits. Elle permet ainsi de souder les citoyens français autour des valeurs de la République. On l’étudie encore de manière détaillée à l’école et surtout, les cérémonies de commémoration n’ont pas perdu de leur vigueur devant le monument aux morts érigé dans presque chaque commune de France.

Tableau représentant la signature de l’armistice de 1918 dans le wagon-salon du Maréchal Foch. Derrière la table, de droite à gauche, le général Weygand, le maréchal Foch (debout) et les amiraux britanniques Wemyss, G.Hope et J.Marriott. Devant, le ministre d’État allemand Matthias Erzberger, le général major Detlof von Winterfeldt (avec le casque) de l’armée impériale, le comte Alfred von Oberndorff des Affaires étrangères et le capitaine de vaisseau Ernst Vanselow de la Marine impériale.

Ainsi, à Paris, c’est dans le site grandiose de la Place Charles de Gaulle, sous les arches mêmes de l’Arc de Triomphe, qu’a lieu la plus importante cérémonie en l’honneur des soldats tués, en présence du Président de la République en personne.

Cette tradition remonte à 1920 quand un vote à l’unanimité du Parlement français a eu pour effet l’enterrement dans une chapelle ardente à l’Arc de Triomphe de la dépouille d’un « Soldat inconnu », le 11 novembre. Ceci devait rendre hommage aux combattants (« les Poilus ») qui étaient morts pour la France mais qui n’ont jamais été identifiés par la suite. La décision du Parlement a fait suite à une proposition faite dès 1916 (avant la fin de la guerre) d’honorer un soldat à l’identité inconnue.

L’Arc de Triomphe à Paris vu de l’avenue des Champs-Elysées © French Moments

Le choix de désigner le Soldat inconnu a été confié à Auguste Thin (1899-1982), un combattant français originaire de Normandie. Le 11 novembre 1920, alors âgé de 21 ans, il lui a été demandé de choisir le Soldat inconnu parmi huit cercueils disposés dans la citadelle de Verdun en Lorraine. Devant ce choix difficile, Auguste Thin témoignera plus tard :

« Il m’est venu une pensée simple. J’appartiens au 6ème corps. En additionnant les chiffres de mon régiment, le 132, c’est également le chiffre 6 que je retiens. Ma décision est prise : ce sera le 6ème cercueil que je rencontrerai ».

Ainsi, a-t-il placé son bouquet d’œillets rouges et blancs sur le sixième cercueil.

L’arrivée du Soldat inconnu à l’Arc de Triomphe a coïncidé avec l’enterrement en Grande-Bretagne du Guerrier inconnu (Unknown Warrior) à l’Abbaye de Westminster à Londres.

Le Soldat inconnu a reposé dans la chapelle aménagée dans l’Arc de Triomphe jusqu’au 28 janvier 1921, date à laquelle il a été installé définitivement sous l’Arc de Triomphe. Une flamme allumée par le Ministre de la Guerre y brûle depuis le 11 novembre 1923. Elle est ravivée cérémonieusement tous les soirs à 18h30. Puis, selon la tradition, deux minutes de silence sont observées à 11 heures 11 minutes le 11ème jour du 11ème mois de l’année (cette année, ce sera à 11h11 [21h11 à Sydney], le 11/11/2011).

Cette commémoration a bien sûr suivi les aléas de l’histoire. Ainsi, le 11 novembre 1940, malgré l’interdiction de l’occupant allemand, plusieurs milliers d’étudiants et de lycéens ont défilé sur les Champs-Elysées, mais ont été stoppés par une violente répression.

Le 11 novembre 1944, l’armistice a été commémoré en pleine Libération lors d’une cérémonie franco-britannique présidée par le Premier Ministre britannique Winston Churchill et le Général de Gaulle.

Enfin, pour le 89e anniversaire de l’Armistice, le 11 novembre 2009, un geste  symbolique fort de la réconciliation franco-allemande a été lancé. C’était en effet la première fois qu’un chef du gouvernement allemand (Angela Merkel) participait aux côtés d’un président français (Nicolas Sarkozy) à la commémoration de l’armistice de la guerre de 1914-1918.

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel devant la Tombe du Soldat inconnu à Paris le 11 novembre 2009

Dans son discours devant l’Arc de Triomphe, le président Sarkozy a qualifié l’amitié franco-allemande de « trésor », souhaitant une « association de plus en plus étroite » des politiques de leurs deux pays :

« L’amitié de l’Allemagne et de la France est un trésor. Nous devons à nos parents qui ont tant souffert de tout faire pour préserver et faire fructifier ce trésor », a estimé le chef de l’Etat, « nous le devons à tous les peuples du monde ».

Angela Merkel and Nicolas Sarkozy le 11 novembre 2009 à Paris sous l’Arc de Triomphe

Angela Merkel a, elle aussi, exalté la « réconciliation » et l’« amitié » franco-allemande, « un cadeau », a-t-elle ajouté :

« la liberté sur le continent européen est un miracle, et nous savons très bien combien cela a coûté […] Cette force de la réconciliation nous permet d’affronter de nouveaux défis et vraiment d’assumer nos responsabilités », s’est réjouie Merkel.

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