Joyeux anniversaire à l’euro et bon rétablissement en 2012 !

Il y a 10 ans, une petite révolution a eu lieu en Europe avec l’introduction des pièces et billets en euro. Remplaçant les anciennes devises nationales, la venue d’une nouvelle monnaie dans les porte-monnaie européens a été un événement historique. Cette union monétaire (qui n’était pas la première en Europe) constituait toutefois une première mondiale, d’une ampleur inégalée.

A sa création en 1999, l’euro devenait la monnaie officielle de 11 Etats européens (rejoints en 2001 par la Grèce).

L’euro a 10 ans : joyeux anniversaire !

Eh non, l’euro n’a pas 10 ans, mais 13 car la devise est officiellement née le 1er janvier 1999. Lorsque les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Economique et Monétaire ont décidé de créer une monnaie unique à Maastricht en 1991, ils souhaitaient lancer un message fort en l’introduisant avant l’an 2000. Afin de satisfaire aux exigences matérielles (produire les pièces et imprimer les billets prend du temps !), on a décidé de l’introduire quand même, limitant son utilisation au niveau scriptural (de compte à compte). Le 31 décembre 1999, le taux de change irrévocable entre le franc français et l’euro a été annoncé : 1 EUR = 6,55957 FRF. Pas facile pour les conversions mentales, alors que les Allemands n’avaient qu’à diviser les prix par deux ! (1 EUR = 1,95583 DEM).

Séjourner en Europe au 2e semestre 2001 était particulièrement intéressant à cet égard. A partir du 1er juillet 2001, les banques et les établissements financiers ont commencé à délivrer des chéquiers en euros à leurs clients. Les commerces acceptant les chèques en euro devaient coller un autocollant spécifique sur leur vitrine informant le client : « Paiements par chèques en euro acceptés ». Dès que j’ai reçu mon chéquier, j’ai voulu faire mon malin au supermarché du coin qui arborait le fameux autocollant. Lors du passage en caisse, j’ai demandé courageusement à la caissière de payer par chèque en euro :

– Bonjour. Je veux payer en euros par chèque.

– Vraiment Monsieur ? Bon attendez, je ne sais pas comment faire mais je vais essayer.

Cinq minutes plus tard, la queue s’est allongée derrière moi et quelques clients ont commencé à montrer des signes d’impatience. Complètement dépourvue (car non formée à cet effet), la pauvre caissière décida enfin de demander de l’aide et en informa tout le magasin en parlant au micro :

– Marie-Françoise, il y a là un client qui veut payer en euros. Peux-tu venir en caisse 5 ?

Combien j’ai regretté amèrement d’avoir voulu faire mon malin. L’euro ? Il faudra attendre encore 6 mois avant de se risquer à une telle aventure.

En attendant, la prénommée « Marie-Françoise » est arrivée en caisse :

– Me voici Solange. Alors, c’est qui le Monsieur qui veut payer en euros ? [se tournant vers moi] Ah c’est vous ! Mais pourquoi voulez-vous payer en euros ? Vous ne pouvez pas payer en francs comme normalement ?

Là j’ai commencé vraiment à rougir de honte et je me suis fait tout petit…

– Bon, Solange, c’est pas compliqué : tu appuies sur le bouton « paiement euro ». Après, tu passes le chèque dans la machine et Monsieur n’a plus qu’à signer.

– C’était si simple ! Merci Marie-Françoise. [toute fière :] Monsieur, ça vous fait 13 euros 42.

Que de chemin parcouru en 10 ans, n’est-ce-pas !

Suite à mon aventure, on aurait pu penser que le passage à l’euro aurait été semé d’embûches. Mais tout s’est remarquablement bien passé, l’Europe, le Gouvernement, les banques et les commerçants travaillant pour faire de cette transition historique un réel succès.

En décembre 2001, les commerçants ont commencé à recevoir des fonds de caisse en euros pour être en mesure, dès le 1er janvier 2002, de rendre la monnaie en euros.

L’opération « Les premiers euros » du 15 décembre 2001

Le 15 décembre 2001, les citoyens ont pu à leur tour toucher leurs premiers euros – sans pour autant pouvoir les utiliser. L’opération « Les premiers euros » consistait à l’échange d’un sachet de 40 pièces en euros d’une valeur de 15,24 euros contre 100 francs. Menée par les banques et La Poste, l’initiative a été un succès. Nous étions justement en visite à Paris ce jour-là, en route vers l’Angleterre. Pour rien au monde je n’aurais manqué une pareille occasion d’avoir en main ce dont on nous parlait depuis 10 ans. La grande agence postale Rue du Louvre (1er arrondissement) était bondée : tout le monde partageait la même curiosité… L’échange des sachets d’euros était une telle réussite que la Poste avait limité le nombre de sachets vendus à 2 par personnes.

Le sachet de l’opération “Les premiers euros” © French Moments

Le lendemain, nous arrivions en Angleterre en Eurostar avec nos deux sachets d’euros. Nous étions très certainement parmi les premiers à introduire des pièces d’euros sur le sol britannique au nez des Anglais…

Noël chez la belle-famille en Angleterre, Nouvel An avec ma famille en France. C’était le « deal »… et surtout il ne fallait pas manquer le Jour J de l’introduction des pièces et billets en euro à minuit, dans la nuit du 31 décembre 2001 au 1er janvier 2002. Depuis une dizaine de jours, les banques et la Poste avaient adapté leurs distributeurs de billets à l’euro pour que des billets de la nouvelle monnaie puissent être retirés dès le 1er janvier 2002. Ainsi, plusieurs DAB  [Distributeurs Automatiques de Billets] de la petite ville où nous habitions étaient HS [Hors Service] quelques jours avant la date fatidique.

Pour s’amuser, nous nous sommes rendus au DAB le plus proche et à minuit pile, nous avons pu retirer nos premiers billets de 10 et 20 euros en compagnie d’autres fêtards qui avaient – eux aussi – bravé le froid d’une nuit d’hiver pour satisfaire leur curiosité. C’était une de ces  rares occasions où l’on se sentait vivre une expérience « européenne », car il ne s’agissait pas d’un seul événement franco-français.

Des billets en euros © French Moments

Au même moment participaient à ce passage historique les citoyens des 11 autres pays européens : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et Portugal, sans oublier Andorre, Monaco, San Marin et le Vatican. Ils seront rejoints par 8 autres pays dans les années suivantes, soit 332 millions de personnes utilisant la devise européenne.

Un passage à l’euro réussi

Si les pièces et les billets sont mis en circulation le 1er janvier 2002, il a fallu attendre l’ouverture des commerces le mercredi 2 janvier pour s’assurer que tout fonctionne bien. Pendant une période de 7 semaines, l’euro et le franc ont continué à cohabiter. Mais afin de faciliter le retrait des pièces et des billets en francs, les commerçants devaient rendre la monnaie en euros. En outre, les paiements en chèques, virements et cartes bancaires se faisaient exclusivement en euros.

A partir du 17 février 2002, à minuit, les paiements en pièces et billets en francs perdirent leur valeur légale et ne furent plus autorisés. Jusqu’au 30 juin 2002, les pièces et billets en francs ont pu être échangés gratuitement auprès des banques, de la Poste et de la Banque de France. Après le 30 juin 2002, ces échanges ont été effectués gratuitement au Trésor Public, à la Banque de France et à l’IEDOM, pendant 3 ans pour les pièces et pendant 10 ans pour les billets. A ce propos, s’il vous reste des billets en francs français que vous souhaitez échanger en euros, vous n’avez plus qu’au 17 février 2012 pour le faire…  dépêchez-vous, la date limite approche !

Un euro malade pour son anniversaire

Et maintenant ? 10 ans plus tard, les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Europe sont au chevet de l’euro malade. Ce qui était encore il y a 6 mois un tabou est devenu récemment une hypothèse que l’on ne peut plus exclure : la disparition de la monnaie unique, emportée par la crise grecque. Il est toutefois peu probable que nos politiciens au pouvoir laissent l’euro dépérir (ou éclater !), car malgré ce que l’on pense, les bénéfices que retirent les Etats de l’eurozone sont largement plus importants que les inconvénients subits. L’abandon de l’euro ne serait certainement pas une bonne chose, et la majorité des économistes s’accordent à dire qu’il s’agirait d’une véritable catastrophe économique qui aurait des conséquences au-delà même des frontières de l’Europe, Grande-Bretagne et Etats-Unis en premières lignes.

Mais essayons de ne pas nous alarmer en ce début d’année. Ce serait jouer le jeu du diable… nous souhaitons à l’euro un prompt et bon rétablissement pour 2012. Nous ne voudrions pas jouer les rabat-joie, surtout par respect pour nos pauvres amis britanniques. Car enfin, eux non plus, dans leur for intérieur, ne souhaitent pas la fin de l’euro. Car l’euro n’est ni plus ni moins le synonyme des bons moments, c’est-à-dire des vacances passées sur les côtes normandes ou bretonnes, sur la Côte d’Azur, dans les stations d’hiver des Alpes, en Provence ou encore dans les campagnes rurales du Périgord. Allez va, il faut bien que l’euro reste encore en vie, ne serait-ce pour les excursions de l’autre côté de la Manche en ferry vers Calais, Le Havre ou Caen. C’est bien connu, ce sont les meilleures destinations pour remplir sa voiture de bons vins et de fromages, beaucoup moins chers en France que sur le territoire de la Perfide Albion…

Pièces et billets d’euros © French Moments

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