La fête de la Saint-Jean

Auparavant, la fête de la Saint-Jean était célébrée partout en France. Aujourd’hui, seuls quelques régions continuent la tradition d’origine païenne de l’allumage des fameux bûchers. Cet petit article relate les différentes traditions suivies en France, en Belgique et au Québec.

Crémation du bûcher de la Saint Jean dans la vallée de la Thur (Vosges) © Daniel Nussbaum

Les origines païennes de la célébration

La fête de la Saint Jean est à l’origine une fête païenne.

La célébration de la Saint Jean à Soulzbach en Alsace

Dans le culte de la lumière, les païens se servaient du 21 juin pour rendre hommage au solstice d’été, la journée la plus longue du calendrier. Les grands feux érigés lors de la Saint Jean, et qui brûlaient toute la nuit, célébraient la puissance fertilisante du soleil apportée par la nouvelle saison : l’été.

Notons qu’en France, la saison de l’été commence officiellement le 21 juin.

Bûcher de la Saint Jean dans la vallée de la Bruche (Alsace) © Ji-Elle – licence [CC BY-SA 3.0] from Wikimedia Commons

Le solstice d’été marquant dans le monde agricole le temps des grands travaux des champs, la Saint Jean était l’occasion pour bénir les moissons. Pour les païens, les fêtes de la Saint Jean célébraient ainsi autant la lumière du soleil que les moissons.

Quand la France adopta le calendrier grégorien en 1582, le solstice d’été qui était alors le 21 juin dans le calendrier julien (de Jules César) devint le 24 juin. Ceci explique pourquoi la fête de la Saint Jean est désormais célébrée le 24 juin.

Aujourd’hui, il est encore incertain si d’autres pratiques comme des sacrifices d’animaux avaient lieu lors des fêtes païennes de la Saint Jean.

Comme de nombreuses autres fêtes d’origine païenne, la Saint Jean fut reprise par l’Eglise catholique. Toutefois, les fêtes de la Saint Jean jouissaient d’une telle réputation, qu’il était très difficile pour l’Eglise de l’interdire. Ainsi fut intégré aux célébrations le culte du saint catholique du jour, c’est-à-dire la Saint Jean-Baptiste. Peu à peu, la fête de la Saint Jean se transforma en fête religieuse en l’honneur de Saint Jean-Baptiste.

Jean-Baptiste, le cousin de Jésus (fils de Madeleine, sœur de Marie) est celui qui annonça la venue du Christ. Il est le seul avec la Vierge et le Christ qui ont une fête associée à leur personnage dans le calendrier liturgique, la Vierge étant célébrée lors de l’Assomption et le Christ à Noël. Il faut noter que la Saint Jean, qui commémore la naissance de Jean-Baptiste, est fêtée exactement 6 mois avec la naissance de Jésus. La coutume affirme que Jean-Baptiste serait né 6 mois avant Jésus.

Les célébrations de la Saint-Jean aujourd’hui

Profondément catholique à l’époque du Moyen-Âge et pendant l’Ancien Régime, on comprend, non sans peine, que la fête Saint-Jean fut un jour férié en France jusqu’à la Révolution française ou plus exactement jusqu’au Concordat de 1801 (voir note en bas d’article). Maintenue jusqu’au début du siècle, la tradition se perd au fil des ans. Même si elle n’est plus autant célébrée qu’auparavant, la fête de la Saint Jean reste profondément ancrée dans certaines régions de France.

Crémation du bûcher de la Saint Jean dans la Vallée de la Thur (Vosges) © Daniel Nussbaum

La Saint-Jean en Catalogne

C’est peut-être en Catalogne, où la fête de la Saint-Jean reste la plus célébrée. La veille de la Saint Jean, le 23 juin, une flamme qui brûle toute l’année au Castillet à Perpignan est montée au sommet du Canigou, la montagne sacrée des Catalans (2785m).

Elle est régénérée, à l’aide de fagots rapportés de tout le pays catalan et « redistribuée » dans tous les villages alentours, allant même jusqu’en Provence en signe de paix et d’amitié. Il faut 3 jours à la flamme pour traverser la Provence, de Perpignan à Menton.

– À Perpignan, différentes manifestations mobilisent les habitants à la Saint-Jean : chansons catalanes, gala folklorique, spectacle pyrotechnique, feux de joie et la traditionnelle sardane.

– À Arles, en Provence, on revêt son costume provençal traditionnel avant d’assister aux manifestations et aux danses traditionnelles.

La Saint-Jean en Bretagne

En Bretagne, suivant les villages, différentes traditions sont célébrées mais les feux de joie sont très souvent accompagnés de fest-noz, danses populaires bretonnes.

La Saint-Jean en Alsace

Le bûcher de la Saint Jean en Alsace © Daniel Nussbaum

En Alsace, les traditions peuvent varier en fonction de la localité. Dans les vallées vosgiennes, l’on érige sur les hauteurs des bûchers appelés “fàckel” en dialecte alsacien. Ces véritables monuments de bois demandent un travail de patience et de longue haleine au bruit des scies, haches, marteaux et tronçonneuses. Généralement, l’on érige un grand “fàckel” flanqué d’un petit modèle. Selon la tradition, le “fàckel” est couronné de branches de sapin et surmonté du drapeau français. Ainsi paré, il sera prêt pour la Saint-Jean. À la venue du soir, les festivités commenceront par la mise à feu du petit “fàckel”. Puis à la tombée de la nuit, la fête battra son plein avec la crémation du grand bûcher, laquelle sera accompagnée de feux d’artifice et d’une animation musicale et dansante.

La Saint-Jean en Flandre

En Flandre, et plus exactement à Bergues, la Saint-Jean n’est pas célébrée le 23 juin au soir mais le dernier samedi du mois de Juin. Ainsi en 2014, elle est célébrée le 28 juin. Et comme dans de nombreux autres villages de France, on y danse autour d’un feu de joie avant le feu d’artifice final.

En résumé, il serait impossible de lister tous les villages de France célébrant la Saint-Jean mais peut être que lors de vos prochaines vacances, cela vous donnera l’occasion de parler avec les locaux à ce sujet.

La fête de Saint Jean dans la Francophonie

La Saint Jean est également célébrée dans d’autres pays francophones.

Deux lieux se distinguent :

En Belgique/Wallonie : à Mons

Après une pause de 150 ans, la Saint-Jean est, depuis 1900, à nouveau célébrée et remporte chaque année de plus en plus de succès auprès des Montois.

Comme en pays flamands, la Saint Jean est fêtée le dernier week-end de juin et non le 23 juin.

A côté de la tradition : la mise à feu du bûcher est annoncée par des cortèges et des tambours parcourant toute la ville. On a vu au fil des années se développer un festival culturel rassemblant de nombreux concerts, des jeux de cirques pour les enfants, des bals traditionnels (proche des fest-noz) et des souffleurs de feu.

La ville de Mons se transforme le temps d’un week-end et prend des airs de fêtes.

Depuis 2 ans, la flamme du Canigou traverse même la France pour aller jusque Mons.

Au Québec

La Saint-Jean au Québec, fête nationale

Quand les Français s’établirent dans la « Nouvelle-France » en 1606, ils amenèrent avec eux la Saint-Jean qui sera célébrée jusqu’aux soulèvement patriotiques de 1837 et 1838. Ce n’est qu’en 1842, que la Saint-Jean est fêtée à nouveau.

En 1908, Saint Jean-Baptiste devient le patron des Canadiens français après décision du pape Pie X. Mais ce n’est qu’à partir de 1925 que le 24 juin est institué comme jour férié.

Lorsqu’en 1964, le gouverneur général Georges Vanier pris part aux festivités, la Saint-Jean connut une connotation politique, qui sera renforcée en 1968 avec la présence du premier ministre Pierre-Elliott Trudeau.

Mais ce ne sera que bien plus tard, en 1977, que la Saint Jean-Baptiste devint officiellement la Fête nationale du Québec.

Les feux de joie y sont toujours présents, tout comme les concerts en plein air et le défilé traditionnel.

En 2014, la fête du Québec est placée sous le thème « Nous sommes le Québec », l’occasion de célébrer la fierté d’être Québécois, de promouvoir le Québec ainsi que la langue française.

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Le Concordat : Suite à la Révolution Française de 1789, la France est secouée de nombreuses guerres civiles et religieuses. Le Concordat de 1801 signé entre Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII reconnaît la religion catholique comme étant la religion principale en France et la reconnaissance de la République par le pape Pie VII. C’est d’ailleurs grâce au Concordat que de nombreux fêtes catholiques sont restées des jours fériés en France comme par exemple l’Ascension ou l’Assomption.

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