J’adore la scène du film « Mariage à la grecque » dans laquelle le personnage de Kostas « Gus » Portokalos (le papa) démontre que tous les mots anglais dérivent du grec. En vérité, ce principe pourrait s’appliquer à beaucoup de nos mots en français. Mais on ne peut pas dire qu’il s’applique de la même manière à la langue anglaise car les nombreuses extrapolations de Papa Portokalos, amusantes soient-elles, restent incroyablement ridicules.
Dans la même veine, j’ai décidé que cet article sur les origines du nom « Sydney » devrait nous aider à convaincre notre entourage que la prestigieuse ville australienne doit son nom au français… mais est-ce réellement le cas ? Alors suivez-moi le long de ces lignes, et j’espère que cet article affichera un sourire sur vos lèvres tout au long de la lecture…
La colonie britannique de Sydney en Australie
Quand les Européens (ou devrais-je plutôt dire « les anglais » ?) s’installèrent dans ce qui est aujourd’hui le port de Sydney, l’endroit était habité par un peuple aborigène appelé les Cadigals. Le Gouverneur Philip nomma initialement le campement la « Nouvelle Albion ». J’admets que l’on est encore loin de notre « connexion française ». Bien au contraire, « la Perfide Albion » étant une épithète hostile accolée à l’Angleterre par la France. (Papa Portokalos devrait m’être reconnaissant d’avoir mentionné qu’Albion est l’ancienne appellation donnée par les Grecs pour la Grande Bretagne !).
Pour des raisons qui nous sont inconnues, le campement britannique a été rebaptisé « Sydney » en référence à Thomas Townshend (1732-1800). Ce politicien britannique était le ministre de l’intérieur de la Grande Bretagne, et avait servi dans quelques postes du Cabinet au XVIIIème siècle. Il avait reçu les titres de lord Sydney et vicomte Sydney en 1789 (la première année de la révolution française !). Certains croient que la ville australienne a reçu son nom en l’honneur de Townshend, qui avait promulgué une charte autorisant le Gouverneur Philip à établir une colonie dans le port. De surcroît Sydney en Australie, n’était pas la seule ville de l’Empire Britannique à avoir été baptisée en référence à Lord Sydney : la ville de Sydney en Nouvelle Écosse au Canada, était le premier campement ainsi nommé, en 1785.
Les ancêtres de Townshend, vicomte Sydney
Le titre de vicomte Sydney était accordé pour la seconde fois dans l’histoire britannique : avant Townshend en 1789, son ancêtre Henry Sydney de Sheppey, de la pairie d’Angleterre, l’avait reçu en 1689. Leur aïeul, Robert Sydney, second comte de Leicester, descendait du garde royal John de Sydenie, et c’est ici que l’histoire prend une tournure intéressante. On croit que les ancêtres de John de Sydenie (notez l’altération dans l’orthographe !) ont émigré d’un village de Normandie au temps de Guillaume le Conquérant. Le nom du village était Saint-Denis.
Guillaume le Conquérant, peinture de 1620 (toutefois, il est peu probable que cette peinture lui ressemblait)
Ce n’est pas réellement surprenant puisque cela s’est déjà produit dans l’histoire de la Normandie. Avez-vous déjà entendu parler de la fameuse crème fraîche et du beurre d’Isigny ? Ce paisible village situé entre Cherbourg et Bayeux n’est pas connu que pour ses produits laitiers. Il l’est aussi parce que le nom d’une autre éminente personnalité dérive du sien : le grand Walt Disney lui-même.
En effet, il est bien connu que les ancêtres de Disney étaient originaires d’Irlande (son grand-père était né à Kilkenny en 1801). Les Disney sont les descendants d’Hughes qui a immigré avec son fils Robert d’Isigny en Grande Bretagne avec Guillaume le Conquérant – et les Sydenie !
Quand « Saint-Denis » s’est contracté en « Sydenie » puis en « Sydney », « d’Isigny » s’anglicisait sous la forme « Disney ». Le Guide Vert Michelin sur Disneyland Paris ne manque pas de mentionner cette information car, après tout, la Belle au Bois Dormant, Cendrillon et la Belle et la Bête sont français, n’est-ce pas ?
St-Denis, le martyr de Paris
Mais notre histoire ne s’arrête pas ici. Afin d’exceller dans l’art de Papa Portokalos en ramenant tout à notre culture, je vais trouver un moyen de lier, d’une façon ou d’une autre, Sydney à notre ville lumière : Paris.
Le village de Saint-Denis en Normandie n’était pas la seule localité à être ainsi nommée. C’était un nom très populaire car il rendait hommage à un saint patron français : Saint-Denis.
Saint-Denis était le premier évêque de Paris et son souvenir a traversé les siècles, suite à son martyr en 270 après J.-C. Au IIIème siècle, Saint-Denis a été envoyé, depuis l’Italie, pour convertir les Gaulois, avec ses inséparables compagnons Rustique et Eleuthère. Ils se sont installés sur l’île de la Cité, où Notre-Dame se tient de nos jours. En ce temps-là, le Paris romain (Lutèce) était situé sur les hauts terrains de la rive gauche, principalement dans les limites actuelles du 5ème arrondissement.
Denis, ayant irrité le tempérament des prêtres païens par ses nombreuses conversions, a été exécuté par décapitation au sabre sur la plus haute colline proche du centre de Paris, qui était probablement un lieu sacré druidique. Si on en croit la tradition populaire, le martyr de Denis et de ses compagnons lui a donné son nom actuel, qui signifie en vieux français « montagne des martyrs » : nous parlons bien entendu de la butte Montmartre, aujourd’hui couronnée d’une église néo-byzantine de couleur blanche éclatante : le Sacré-Cœur.
Selon la légende, après l’exécution du saint, le corps de Saint-Denis a ramassé sa tête et a commencé à marcher pendant que la bouche délivrait un sermon entier. Le corps a dû arrêter sa promenade d’une façon ou d’une autre et l’on a plus tard érigé une petite chapelle à l’endroit où il est tombé raide mort. Ce sanctuaire a reçu le nom du saint homme : Saint-Denis.
Au Moyen-Âge, la chapelle d’origine a été transformée en une imposante basilique qui est devenue la dernière demeure des Rois de France.
La ville de la nécropole a grandi jusqu’à atteindre près de 100 000 habitants et est aujourd’hui la destination d’une autre sorte de pèlerinage : le Stade de France, ce stade national construit pour la Coupe du monde de la FIFA de 1998.
Donc nous y voilà à parler de Paris après avoir voyagé dans le temps. Vous étiez prévenus : « Sydney vient du français… ». Mais notre travail ne peut être complet à moins d’étudier l’étymologie du nom « Denis » lui-même.
Quelles sont les origines du nom « Denis » ?
Si vous regardez dans les livres et sur les sites des noms à donner aux nouveau-nés, à chaque fois ou presque, vous lirez qu’ils corroborent la dérivation du nom de Sydney depuis Saint Denis.
Les formes et les orthographes alternatives du nom en français et en anglais comprennent : Denis, Denise, Denice, Denys, Deon, Deonne, Deonte et Dion (pardon monsieur ? – eh oui, la chanteuse Céline Dion dérive aussi du français – ce qui n’est pas une surprise puisque qu’elle est québécoise !).
En dialecte normand, Saint Denis se prononçait à peu près comme « S’Deni ».
Le nom Denis lui-même est dérivé du gréco-romain « Dionysos », vous savez, ce gros dieu dodu de la mythologie grecque qui ne tenait pas l’alcool ? Dionysos, le dieu du vin et des excès, était le fils de Zeus et un des douze dieux olympiens…
Et voilà, après de nombreuses pérégrinations dans l’histoire du nom « Sydney », j’en viens à admettre que Papa Portokalos avait raison, contre toute attente, car les Sydney, les Saint- Denis, les Disney, les Céline Dion, et tous les autres « dérivent du grec » ! Mes aïeux, nous devrions renommer notre entreprise : « Greek Moments » !
Cet article est une traduction de l’anglais de l’article « Behind the name Sydney » du site internet de French Moments.
au cours de ma lecture, je voulais dire « vive la France »… mais pour conclure, je dois dire « vive la Grèce » et je m’en réjouis !!
Comme quoi: De la toile de NIMES devenue DJEAN ou DENIM en passant par les armoiries de la couronne d’Angleterre « Dieu et mon Droit » et de nombreux mots (bien plus de mots français dans la langue Anglaise que le contraire) ; par le Français langue officielle des couronnes Anglaise ( l’Angleterre fut notre 1ère colonie pendant près de 3 siècle ! les couronnes Russe, Autrichienne..; par le fait que depuis Lafayette il s’en serait fallu d’une voix pour que le congrès Américain adopte le FRANCAIS comme langue véhiculaire ! Alors je dis (pour racourcir) vive l’Hermione-la Fayette ( dont je fais partie de l’association) L’Hermione cinglera l’an prochain vers les Etats-Unis afin de rappeler que nous fûmes le pays qui apporta Aux Américains la liberté et donc l’Indépendance, (il nous le rendirent par 2 fois en 17 et 44) mais nous coûta si cher (on estime entre 20 et 30 milliards d’€ que LOUIS XVI dans sa grande générosité offrit. ! Il y perdit sa tête et nous gagnâmes la République via la révolution !!
Bon pour Sydney, je dis vive le RUGBY LEAGUE ( le XIII) sport roi là-bas que l’on appelle encore..FOOTBALL !
Ah les mots et l’Histoire
P.F