Nos groupes de conversation française à Sydney s’est penché cette semaine sur un sujet politique intéressant. Notre formateur Lucas nous en apprend plus sur un éventuel rattachement de la Wallonie à la France.
Tout d’abord, il semble important de repréciser la situation géographique des régions belges. Tout simplement, la Wallonie occupe la moitié sud du pays alors que les Flandres occupent la moitié nord. Au milieu de ces deux régions, se trouve un espace « neutre », c’est la région de Bruxelles. 10% de la population habite la capitale. C’est la seule partie de la Belgique considérée comme officiellement bilingue (français et néerlandais). Il existe 3 communautés linguistiques en Belgique. Les Wallons parlent français, les Flamands parlent néerlandais et une minorité de la population (à l’Est) est germanophone.
La Belgique est devenue indépendante en 1830, elle s’est alors divisée en deux entités culturelles et géographiques. Les Wallons ont profité de cet événement pour opérer une séparation entre la Wallonie au sud et les Flandres au nord. A l’indépendance, la langue officielle qui a été choisie pour le pays était le français. A cette époque, la langue française était considérée comme la langue des élites et de l’aristocratie. Cette décision a révolté de nombreux élus flamands qui s’inquiétaient de l’avenir de leur langue (« le flamand » est un dialecte issu du néerlandais). Un véritable mouvement flamand allait se créer. L’antagonisme entre ces deux mouvements va se creuser tout au long du XIXème siècle.
Durant la fin du XIXème siècle et le début du XXème, les Flandres ont connu un réel essor économique, notamment grâce à ses ports comme Anvers ou Zeebruges. De son côté, la Wallonie n’a pas vécu cette période de la même façon. En effet, la région était principalement industrielle et a tout misé sur les industries lourdes et l’exploitation du charbon. La crise de 1929 a eu de désastreuses conséquences pour la Wallonie. En 1930, après plusieurs épisodes isolés pendant l’entre-deux guerres, le gouvernement central a décidé d’appliquer une loi très symbolique : l’instauration de l’emploi exclusif du néerlandais en Flandres et du français en Wallonie dans l’administration et les écoles.
Ce qui touchait principalement à la sphère culturelle s’est étendu à la sphère politique après la Seconde Guerre Mondiale. La « question royale » a définitivement scindé la Belgique en deux. Les Flamands étaient pour le retour sur le trône du roi Léopold III, alors que les Wallons y étaient catégoriquement opposés. Des émeutes ont éclaté en Wallonie poussant le roi Léopold III à laisser le trône à son fils Baudoin 1er.
Le processus s’est poursuivi en 1962 avec la loi sur la fixation définitive d’une frontière linguistique. L’antagonisme culturel s’est alors matérialisé géographiquement. En 1963, on a décrété la capitale Bruxelles comme bilingue français-néerlandais. Ce statut a été adopté pour renforcer son rôle de capitale malgré le fait que la région de Bruxelles soit habitée par 90% de francophones.
Tout au long des années 80, des mesures ont été prises dans le sens de la décentralisation du pays. Le tournant de ce processus a lieu en 1993 avec l’adoption d’une nouvelle constitution. La Belgique devient officiellement un Etat Fédéral dans lequel cohabitent deux communautés culturelles et linguistiques.
Les péripéties du gouvernement
En Juin 2010, la Belgique a voté pour changer de gouvernement. Cependant, les Flamands et les Wallons n’on pas réussi à se mettre d’accord. Les Flamands réclamaient plus d’autonomie régionale. Cet incident s’est transformé en véritable crise. La Belgique est restée sans gouvernement pendant 535 jours, faisant se succéder les gouvernements provisoires. C’est le francophone Elio Di Rupo qui a rompu cette période en étant désigné chef de gouvernement par le roi en Décembre 2011. C’était le premier socialiste et francophone à être élu à ce poste depuis 1974. Il a formé un gouvernement hétéroclite pour diriger le pays. Il a choisi des socialistes, des démocrates-chrétiens et des libéraux mélangeant les francophones et les flamands.
Pour la petite histoire, la Belgique est entrée dans le Guinness Book des records comme étant « le pays qui a connu, en temps de paix, la plus longue période sans gouvernement officiel ».
L’idée d’un rattachement à la France : le réunionisme
49% des wallons sont favorables au rattachement de leur région à la France. Ce chiffre est loin d’être négligeable. En effet, depuis que la Belgique a des identitaires, de nombreux mouvements sont créés en faveur du rattachement de la Wallonie à la France.
L’exemple le plus sérieux est le parti R.W.F (Rassemblement Wallonie France). Ce parti milite pour le « réunionisme ». C’est-à-dire qu’il souhaite que les régions wallonnes et bruxelloise soient rattachées à la République Française. La devise nationale belge étant (paradoxalement) « l’union fait la force », ce parti politique a décidé de la détourner pour créer leur slogan : « c’est avec la France que l’union fera la force ».
Cette union très hypothétique (ce mouvement politique ne compte aucun député dans aucun parlement) impliquerait quelques changements pour la France. Ce rattachement représenterait premièrement un apport démographique de près de 3,5 millions d’habitants. Ensuite, la superficie de la France métropolitaine passerait de 547 030 km2 à 563 874 km2 gagnant ainsi près de 17 000 km2. Pour les férus de sport, notons au passage que les championnats français devraient dès lors accueillir de nouvelles équipes wallonnes !