Le Carême : ce n’est pas le nom d’une pâtisserie !

L’origine du Carême

Le Carême est une période de jeûne de quarante jours que l’Église a institué en référence aux quarante jours de jeûne suivis par Jésus-Christ dans le désert entre son baptême et le début de sa vie publique.

Ces quarante jours ne sont pas strictement consécutifs, il s’agit de quarante jours ouvrables entre le mercredi des cendres et la veille de Pâques.

Le nom de carême vient de la contraction du mot latin « quadragesima » signifiant « quarantième », ce qui fait référence au jour de Pâques clôturant cette phase restrictive. L’autre nom donné au carême est la Sainte Quarantaine. On peut dater les débuts de cette pratique au IVème siècle. À l’origine, le Carême commençait un dimanche, le quarantième jour avant le Jeudi saint. Au VIIe siècle, le carême fut établi dans son calendrier actuel. En effet, le pape Grégoire le Grand a avancé le début du carême au mercredi précédent, le faisant ainsi se terminer le samedi Saint.

« Le Combat de Carnaval et Carême », tableau peint à l'huile par Pieter Brueghel l'Ancien en 1559

A partir du XIIème siècle, le carême et la multiplication des jours maigres (jours de jeûne) ont favorisé la consommation de poissons de mer comme le hareng et la morue. En effet, ces poissons étaient plus faciles à conserver que les poissons d’eau douce et permettaient de faire des réserves afin de pallier aux ruptures de stock. Pendant les périodes où la viande était proscrite par l’Eglise, toutes les sphères de la population consommaient du poisson. Pour conserver de plus en plus de poissons de mer, on avait recours à des techniques comme le séchage, le salage ou encore le fumage.

Pendant le Moyen Age, les graisses animales ont été strictement interdites lors des jours de jeûne. Cependant, à la fin du XVème siècle, les habitants de Rouen et les Bretons ont été autorisés  à manger du beurre en carême. En contrepartie, les autorités religieuses demandèrent aux Rouennais de financer l’édification de la « tour de Beurre », partie intégrante de la cathédrale Notre-Dame de Rouen.

La tour de beurre de la cathédrale de Rouen vers 1830

Ce même principe a été utilisé pour la cathédrale Saint-Etienne de la ville de Bourges dans le département du Cher. Ces paiements étaient considérés par l’Eglise comme des « indulgences », c’est-à-dire que l’argent donné était censé laver les péchés des fidèles. Théoriquement, une indulgence est la rémission totale ou partielle devant Dieu de la peine encourue en raison d’un péché déjà pardonné. Cependant, de véritables dérives ont été observées au sein de l’Eglise. L’indulgence obtenue en contrepartie d’un acte de piété pouvait se transformer peu à peu en un véritable commerce lucratif.

Un banquet au Moyen Age

Aujourd’hui, le jeûne n’est plus vraiment pratiqué et se limite essentiellement au vendredi Saint.

A l’époque, le carême permettait de donner aux populations une raison de tenir durant l’hiver, au moment où les réserves de nourriture se faisaient rares. La privation collective évitait la famine jusqu’à l’arrivée du printemps.

La pratique du Carême

En ce qui concerne l’Eglise catholique, les fidèles doivent jeûner au moins durant les jours du mercredi des Cendres et du Vendredi saint. Il est difficile d’évaluer la pratique concrète du jeûne. Cependant, la tradition d’éviter la viande le vendredi se perpétue. Parfois, le fait de se priver de quelque chose apprécié (pas nécessairement de la nourriture) peut suffire à marquer le Carême.

Avant le début de cette période, on fête Mardi Gras et le carnaval (du latin carnelevamen qui signifie « ôter la viande »).

Concernant l’Eglise protestante, elle n’impose pas de pratique de pénitence ou de jeûne. Les fidèles sont incités à une méditation plus soutenue lors de cette période. Pour les protestants, le salut s’obtient par la foi seule. On peut trouver au sein du Luthérianisme une recommandation quant à l’abstention de viande mais le protestantisme n’étant pas directif, rien n’est obligatoire.

Concernant l’Eglise orthodoxe, le carême est très important car il mène directement à Pâques. Pâques, pour les orthodoxes, est la fête qui rassemble le plus de fidèles (plus que Noël). Par conséquent, le carême doit être respecté de façon très sérieuse. Un grand théologien orthodoxe nommé Alexandre Schmemann a déclaré à propos du carême : « C’est avant tout un voyage spirituel dont la destination est Pâques ».

Donc, si vous souhaitez suivre la tradition du Carême, mieux vaut pêcher du poisson pour ne pas pécher et surtout éviter les péchés mignons (voir photos sur notre blog).

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