Ah si Victor Hugo était là, il aurait de quoi écrire. Fini Phileas Fogg, place à François Gabart et Armel Le Cléac’h, deux marins français qui ont réussi l’exploit de terminer leur Vendée Globe en moins de 80 jours !
François, le premier, est arrivé dimanche 27 janvier, bouclant son « Vendée » comme on l’appelle communément, en 78 jours, 2 heures et 16 minutes. Armel le Cléac’h a lui coupé la ligne seulement trois heures plus tard, un exploit à cette échelle ! Pour comparer, c’est comme si deux marathoniens étaient départagés à la photo-finish.
Le Vendée Globe, c’est non seulement la course à la voile la plus célèbre au monde mais aussi une des plus médiatiques. Pourquoi ? Simplement parce que c’est un évènement qui allie à la fois compétition sportive et aventure humaine.
Cette épreuve, qui se déroule tous les quatre ans, consiste en un Tour du Monde passant par les trois caps mythiques : Bonne Espérance (Afrique du Sud), Leeuwin (Australie) et Horn (Chili), avec un départ et une arrivée situés aux Sables d’Olonne en Vendée.
Seulement ce n’est pas qu’un simple Tour du Monde si j’ose dire. Le « Vendée » c’est une course en solitaire, sur des bateaux (IMOCA) de 60 pieds, soit plus de 18 mètres de long, sans escale et sans assistance. Ces contraintes font du Vendée Globe la course la plus exigeante au monde. En effet, dans cette compétition sportive, les véritables adversaires, ce sont les éléments naturels qui mettent à rude épreuve les machines et les marins qui, seuls, se doivent de rester constamment en alerte tout en se ménageant des temps de repos précieux.
La première édition a eu lieu en 1989-1990 et a vu le triomphe de Titouan Lamazou, en 109 jours soit environ trois mois et demie, seul en mer. Depuis, le record n’a cessé d’être améliorer, passant la barre, déjà mythique, des moins de 100 jours de course lors de l’édition 2000-2001 et la victoire de Michel Desjoyeaux en 93 jours. Tout cela est du, notamment, à la constante amélioration technique des bateaux, peu à peu façonnés en bolides des mers.
Des bolides qui restent néanmoins fragiles et chaque édition amène son lot d’abandons. 18 abandons lors de l’édition 2008-2009 ! Ce qui nous rappelle que les océans restent souverains. Le Vendée Globe a aussi son lot de drames, notamment lors de l’édition 1996-1997 qui voit le chavirage de plusieurs marins, dont deux seront secourus par la marine australienne après cinq jours passés dans leurs bateaux retournés. Mais surtout, cette édition reste marquée par la disparition en mer du skipper canadien Gerry Roufs. Cette année là, seulement six concurrents, sur seize, boucleront leur tour du monde… Suite à cela, les organisateurs ont instauré des points de passages obligatoires : les portes des glaces (placées en fonction des icebergs repérés sur zone), afin d’éviter aux marins de prendre des risques en descendant trop au sud. Seulement, malgré ces mesures de sécurités, les skippers ne sont pas à l’abri de leur pire cauchemar, un chavirage soudain du bateau, dû souvent à la perte de la quille du bateau ou à une tempête.
Thierry Dubois, en combinaison de survie en plein milieu du Pacifique, prêt à être hélitroyé par la marine australienne ©AFP/Greg Wood.
Enfin, le Vendée Globe est souvent l’occasion pour de nombreuses écoles de bâtir des projets pédagogiques et de suivre l’épreuve, en lien avec certains skippers qui emportent volontiers des mascottes à bord de leur bateau, le temps d’un tour du monde.
Même si la sphère médiatique et les progrès de la communication se sont emparés de l’épreuve, réduisant le côté aventure solitaire, le Vendée Globe reste, tous les quatre ans, un rendez-vous incontournable pour le monde de la voile mais aussi pour le grand public qui peut se prendre à rêver, grâce à ces aventuriers des mers.
Pour plus d’informations, vous pouvez visiter la page officielle du Vendée Globe.