Manon des Sources, page après page…

Tous les vendredis avec mon étudiant Bill, nous parcourons page après page le roman de Marcel Pagnol, Manon des Sources. Un grand classique certes, mais à la lecture plus méticuleuse du livre, nous découvrons le monde provençal de Pagnol, ses gens, ses mentalités, ses cultures et surtout ses paysages. Le petit extrait suivant illustre à merveille la beauté d’un paysage merveilleusement décrite par l’auteur…

 

En Provence © Olivier Risnes

C’était une profonde vallée, largement creusée dans le calcaire bleu de Provence, par quelque glacier raboteux qui s’était fondu dans la nuit des millénaires.

De chaque côté, un coteau abrupt, mais vêtu d’une épaisse pinède, montait jusqu’au pied des barres verticales qui soutenaient les deux plateaux, et descendait jusqu’au fond de la vallée : c’était une large table de roche sillonnée çà et là de fentes que le vent et la pluie avaient comblées de poussière, de sable, de gravier : les plantes vivaces des collines étaient venues s’aligner dans ces sillons.

Le thym, la rue, l’aspic et le ciste formaient ainsi des haies en miniature, et dans les crevasses plus larges, les cades et les genièvres, mêlés de quelques pins tordus, faisaient de petits bosquets d’un vert sombre, parfois chargés d’un vol de pinsons.

Au milieu même du vallon, un torrent des orages avait creusé son lit dans le calcaire, parfaitement nu et poli comme du marbre, mais troué çà et là d’ouvertures circulaires dont la cavité s’élargissait en descendant selon la forme d’une sphère aplatie. Beaucoup n’étaient pas plus grandes qu’une marmite, mais d’autres avaient jusqu’à deux mètres de diamètre.

A chaque pluie, le vallon recevait le ruissellement des plateaux voisins, qui avait creusé les coteaux de ravines profondes, et se précipitait au fond du lit de rocher où roulait en grondant le torrent d’un jour.

Après sa fuite bondissante, les trous restaient pleins d’une eau ronde et brillante que les oiseaux, les chèvres, les chasseurs et le soleil buvaient à sec en quelques jours.

A cause de l’orage de la nuit, sous les clairs rayons du matin, tous les creux du vallon miroitaient, et les plus grands frissonnaient sous la brise qui faisait à peine flotter le silence.

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