Le Remembrance Day est une journée de commémoration à la mémoire des morts pendant la Première guerre mondiale et les guerres qui ont suivie. J’ai eu l’opportunité d’assister à la cérémonie du Remembrance Day à Burwash, petit village d’East Sussex.
Le Remembrance Day, le Jour du Souvenir
L’année dernière, j’assistais à l’Armistice de la Première guerre mondiale dans mon village de Granier en Savoie.
Ce fut un moment émouvant, notamment puisqu’il s’agissait du centenaire de l’accord de cessez-le-feu signé par les belligérants (France, Grande-Bretagne et Allemagne) dans la Clairière de Rethondes.
Ce 10 novembre 2019, c’était en Angleterre que, pour la première fois, j’assistais à la cérémonie de ce Jour du Souvenir.
France-Angleterre : Similarités et différences dans la commémoration
Et pour tout vous dire, j’ai trouvé que, de part et d’autre de la Manche, cette journée se déroule de façon très similaire. Il existe effectivement de nombreux points communs : le défilé des officiels, la minute de silence, le dépôt de gerbe au monument aux morts, la sonnerie aux morts…
Toutefois, si la Marseillaise retentit en France, à Burwash nous n’avons pas entonné le « God Save The Queen », l’hymne national anglais. En revanche, il est interprété lors de l’office religieux et dans les grandes villes comme à Londres.
Pas de maire mais un pasteur anglican !
La deuxième grande différence est l’implication centrale de l’église anglicane pendant la cérémonie. A Burwash, c’est le pasteur anglican (Vicar en anglais) qui a donné une allocution et lu une prière. Car, contrairement à la France, on ne parle pas de « commune de Burwash » mais de « paroisse de Burwash » (parish). Et comme il n’existe pas de maire, la fonction honorifique du prêtre anglican est, semble-t-il, renforcée.
La fleur symbole du sang versé
Enfin, dernière différence : le choix de la fleur pour symboliser ceux qui sont tombés au combat. En France, c’est le bleuet. Cette fleur des champs rappelle la couleur des uniformes des Poilus. On dit qu’elle était la seule plante à repousser après les terribles combats de Picardie et du Nord.
En Angleterre, comme dans tous les pays du Commonwealth, c’est le coquelicot (red poppy) qui le remplace. La couleur rouge est naturellement associée à celle du sang versé par les soldats. Et le coquelicot, comme le bleuet, poussait abondamment sur le bord des tranchées des champs de bataille du nord de la France et de Belgique.
Il est de coutume en Angleterre de porter un coquelicot en papier sur le côté gauche de sa poitrine, là où se trouve le cœur (encore un symbole !)
On retrouve le coquelicot sous diverses décorations, en guirlandes, en couronnes…
Le déroulement de la cérémonie
Ce qui suit est un petit récit illustré de la cérémonie à laquelle j’ai assisté dans le village de Burwash (East Sussex). [Lisez ici mon récit du centenaire de l’Armistice 1918 à Granier en Savoie].
Comme dans le reste du pays, la cérémonie a lieu le dimanche le plus proche du 11 novembre : le Remembrance Sunday.
Et pour une fois, après tant de journées pluvieuses en automne, le beau temps était au rendez-vous !
Vers 11h, la rue principale du village est fermée à la circulation pour permettre le défilé de la fanfare et des officiels.
Celui-ci parcourt la Main Street jusqu’au Burwash War Memorial, près de l’église.
Puis suivent les officiels qui prennent leur marque devant le monument aux morts.
Le Burwash War Memorial, le monument aux morts
Ce cénotaphe est un monument funéraire élevé en 1920 à la mémoire des soldats morts au combat. Il ne contient pas de corps (contrairement au mausolée).
Ce monument aux morts est assez unique en son genre. Il présente la particularité d’être surmonté d’une lanterne.
Sa lumière s’allume lors de l’anniversaire de la mort d’un des soldats. Les noms d’une centaine de soldats qui ne sont jamais rentrés chez eux sont gravés sur le monument.
Quand l’église sonne les onze coups du matin
Les deux minutes de silence sont observées, comme en France, à la 11e heure du 11e jour du 11e mois (“the eleventh hour of the eleventh day of the eleventh month”).
A 11h, la sonnerie aux morts du Last Post est interprétée à la trompette.
Ensuite, le pasteur anglican lit une exhortation devant le cénotaphe.
Il s’en suit deux minutes de silence. Moment de recueillement.
L’hymne The Reveille signale la fin du silence.
La cérémonie se poursuit par le dépôt de gerbes, des couronnes de coquelicots (poppy wreaths), au pied du monument aux morts.
Les représentants de l’église sont les premiers à se diriger vers l’église.
Puis suivent les officiels.
La commémoration se termine par un office religieux à l’église.
Après avoir assisté à plusieurs cérémonies du 11 novembre en France et en Australie, j’ai été très ému de constater que les villageois restaient attachés à ce moment du souvenir. Comme à Granier l’année dernière, j’ai constaté que jeunes et vieux participaient à l’événement main dans la main. Preuve que les deux conflits mondiaux ont été si traumatisant pour toute une génération qu’il est utile de répéter encore et toujours : Lest we forget. N’oublions pas.