Après la découverte du quartier de la cathédrale et celui de la Petite France, nous terminons notre visite de la vieille ville de Strasbourg par les Places Gutenberg, Kléber et Broglie.
La Place Gutenberg
La paisible Place Gutenberg est l’endroit rêvé pour ceux et celles qui sont à la recherche de vieux livres. En effet, chaque semaine, les bouquinistes y déploient leurs étals au pied de la statue de l’illustre imprimeur.
Car si l’on sait que Johannes Gutenberg (env. 1400-1468) était originaire de Mayence en Allemagne, ce que l’on ignore souvent, c’est qu’il inventa le principe de l’impression avec des caractères métalliques mobiles à Strasbourg.
Gutenberg reparti à Mayence, Strasbourg resta un centre d’imprimerie très important en Europe et contribua à la propagation des idées de la Réforme. L’industrie de l’imprimerie permit à la ville alsacienne de retrouver une période de prospérité économique.
L’érection de la statue de Gutenberg, réalisée par David d’Angers, fut l’occasion de trois jours de fête célébrés en grande pompe par la population strasbourgeoise. Sur les quatre panneaux du socle de la statue sont représentés les bénéfices acquis par le monde grâce à l’invention de l’imprimerie moderne.
Le bâtiment de la Chambre de Commerce bordant la place est un chef d’œuvre de l’art Renaissance en Alsace, assimilant plusieurs courants artistiques de l’époque. Bâti en 1585 par Hans Schoch, il fut considéré parmi les plus élégants bâtiments alsaciens du 16e siècle avec ses fresques aux couleurs vives aujourd’hui disparues.
La Rue des Hallebardes au Nord de la Place Gutenberg suit la voie antique qui menait à la garnison romaine d’Argentorate, l’ancêtre de Strasbourg. Les effigies d’hallebardes dressées sur les façades des bâtiments évoquent le temps où les armuriers y travaillaient au Moyen-âge. Au numéro 22 de la rue, l’inscription de l’année de construction (1528) sur une poutre apparente fait de cette maison à encorbellement et colombages une des plus vieilles maisons de style Renaissance de Strasbourg.
De retour Place Gutenberg, la Rue des Arcades, avec ses nombreuses boutiques, mène à la Place Kléber.
La Place Kléber
Bien plus que le cœur de la ville, la Place Kléber est également le centre de ralliement des Strasbourgeois lors des grandes occasions et fêtes.
Au Moyen-âge, il s’y trouvait un monastère de moines franciscains et de manière naturelle, les habitants lui donnèrent le nom de Barfüsserplatz (place des déchaussés). Au 17e siècle, elle changea de nom pour devenir la « Waffenplatz » (place d’Armes).
En 1778, on bâtit au Nord de la place un grand et remarquable bâtiment de style classique tout en longueur : l’Aubette. Son nom vient du temps où les corps de la garnison venaient y chercher les ordres à l’aube.
Elle acquit son nom actuel en 1840, en hommage au Général Kléber, un brillant stratège militaire assassiné au Caire par un étudiant syrien en 1800. Ayant gagné plusieurs batailles importantes, sa popularité fut grande en France et il fut décidé que son corps reposerait dans sa ville natale de Strasbourg.
La place a subi maints réaménagements ces dernières décennies, notamment depuis l’arrivée du nouveau tramway.
A chaque noël, un sapin géant des Vosges y est merveilleusement décoré et illuminé.
Jouxtant la Place Kléber, la Place de l’Homme de Fer est devenue le centre névralgique de Strasbourg depuis l’arrivée du tramway moderne, en assurant la correspondance de quatre lignes importantes. C’est à cet endroit que, venant de la gare ferroviaire ou des nombreux Parking-Relais-Tram, passagers et touristes descendent pour flâner dans la vieille-ville de Strasbourg. Autrefois sans intérêt particulier, la Place de l’Homme de Fer est reconnaissable grâce à son élégante rotonde de verre de 700m2 abritant la station de tramway.
L’effigie de l’homme de fer du 17e siècle est toujours visible sur la façade de la pharmacie du même nom… sauf qu’il s’agit là d’une copie du 19e, l’original étant exposé au Musée historique.
Eglise Saint-Pierre-le-Jeune
Non loin de la Place de l’Homme de Fer et bordant une charmante petite place du même nom, l’église protestante de Saint-Pierre-le-Jeune fut bâtie sur le site de trois édifices successifs, le premier datant du 7e siècle est dédié à Saint Colomban, l’évangéliste irlandais. Il en reste une petite crypte du 7e siècle avec cinq niches funéraires dont on prétend l’origine au 4e siècle. L’église abrite un joli petit cloître, rénové en 2005, avec quatre galeries à arcades, dont trois remontent à 1031 et une au 14e siècle. L’intérieur de l’église est de style gothique avec sa magnifique voûte sur croisée d’ogives du 14e siècle et ses chapelles latérales, ses fresques médiévales et, chose rare dans les églises en France, un superbe jubé recouvert de peintures de 1620 et d’un orgue Silberman de 1780, au son réputé. En piteux état, l’édifice fut grandement restauré de 1897 à 1901 par Carl Schäfer, originaire de Karlsruhe.
A droite de la Place Saint-Pierre-le-Jeune, la rue de la Nuée Bleue mène à la Place Broglie.
La Place Broglie
A l’écart de la plupart des grandes attractions touristiques de la vieille-ville, la Place Broglie n’en est pas moins chargée d’histoire.
Son aspect rectiligne et tout en longueur évoque les temps médiévaux où elle fut le théâtre de tournois de chevaliers. Délaissé, le quartier fut reconverti au 18e siècle par un maréchal de Louis XV, François-Marie, Duc de Broglie et Gouverneur d’Alsace.
Le maréchal y construisit l’hôtel de ville de Strasbourg en 1730 dans le style Régence. Ce fut dans un des salons d’un pavillon de la place (aujourd’hui détruit) que retentit pour la première fois la Marseillaise. Elle fut entonnée par Rouget de Lisle devant le maire de Strasbourg Frédéric de Dietrich le 26 avril 1792 à la suite de la déclaration de guerre à l’empereur d’Autriche. Intitulé le « Chant de guerre pour l’armée du Rhin », le chant patriotique fut immédiatement adopté par les volontaires de Marseille et se répandit à travers la France sous le nom de « La Marseillaise ».
La célèbre peinture d’Isidore Pils immortalisant l’événement « Rouget de Lisle chantant la Marseillaise » est exposée au Musée des Beaux-arts (Palais des Rohan). [regardez la photo de la peinture ici]
En 1820 fut édifié, à l’extrémité Nord de la Place, l’Opéra de Strasbourg qui accueille aujourd’hui les concerts de l’Opéra du Rhin. Construit dans un style néo-classique en grès des Vosges, sa façade est ornée d’un péristyle colossal à colonnes ioniques et surmonté de six muses (et non neuf comme le veut la tradition).
Aujourd’hui, la place est un lieu incontournable en décembre pour son marché de Noël, localement connu sous le nom de Christkindlmärik (marché de l’Enfant-Jésus).
Le Pont du Théâtre traverse le Fossé du Rempart et mène à un autre quartier de Strasbourg à l’atmosphère résolument différente : le quartier impérial allemand à l’architecture monumentale.
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